Page:Tolstoï - Qu’est-ce que la religion.djvu/58

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philosophie s’attache tout entière à l’étude de ce qui est, et à son accord avec les théories faites d’avance. C’est le premier degré descendant. Le deuxième degré inférieur de la pensée humaine, c’est la reconnaissance, comme loi fondamentale, de la lutte pour l’existence par la seule raison qu’on peut observer cette lutte parmi les animaux et parmi les plantes. Selon cette théorie, la perte des plus faibles est une loi à laquelle il ne faut pas mettre obstacle. Enfin, arrive le troisième degré ; l’originalité enfantine du demi-fou Nietzsche qui n’a même pas d’unité, les esquisses des pensées immorales, sans fondement, sont reconnues par les hommes avancés comme le dernier mot de la science philosophique. Dans la réponse à la question : que dois-je faire ? on dit déjà tout nettement : vivre pour son plaisir sans faire attention à la vie des autres hommes.

Si quelqu’un doutait du terrible étourdissement, de l’abrutissement, atteints de notre temps par l’humanité chrétienne, sans parler déjà des derniers crimes commis au Transvaal et en Chine, défendus par le clergé et tenus pour des actes héroïques par les hommes tout-puissants du monde, rien que le succès extraordinaire des œuvres de Nietzsche en serait une preuve indiscutable. Paraissent des écrits sans lien, visant à l’effet de la façon la plus banale, les écrits d’un Allemand possédé de