Page:Tolstoï - Qu’est-ce que la religion.djvu/67

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cipes qui ne concordent ni avec la raison, ni avec la science contemporaine, ni avec la conscience humaine sont ancrés profondément dans l’esprit impressionnable de l’enfant, on le laisse seul en lui donnant à démêler ces contradictions qui découlent des dogmes reçus et adoptés par lui comme une vérité indiscutable. Personne ne lui dit comment il peut et doit concilier ces contradictions, et si les théologiens essayent de les concilier, ils ne font que les embrouiller davantage. Peu à peu, l’homme s’habitue à penser (ce en quoi les théologiens le soutiennent fort) qu’on ne peut pas croire à la raison, que dans le monde tout est possible, et que dans l’homme il n’y a rien qui lui permette de distinguer le bien du mal, le mensonge de la vérité ; que dans les choses les plus importantes pour lui — dans ses actes — il doit se guider non par sa raison, mais par ce que lui diront les autres. Il est facile de comprendre quelle défiguration terrible doit produire sur l’esprit de l’homme une pareille éducation soutenue même dans l’âge mûr par tous ces moyens de suggestion qui, perpétuellement, avec l’aide du clergé, sont employés sur le peuple.

Et si un homme d’esprit fort, avec de grandes difficultés et souffrances, s’affranchit de cette hypnose dans laquelle on l’a élevé dans l’enfance et tenu