Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/11

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Un homme plutôt ? Mais cette clarté et ces formes si vagues, ce serait étrange ! D’ailleurs, que ferait ici un homme à cette heure ?

Il se pencha tout près… Étrange chose, en vérité ! Oui, c’était bien un homme, mais un homme sans vêtements, sans linge, nu comme l’enfant qui vient de naître. Mort ou vivant, on n’aurait pu le dire ; son regard était fixe et il ne faisait aucun mouvement. La peur saisit le cordonnier, qui se dit en frissonnant :

― Sans doute que des brigands l’ont tué et laissé là après l’avoir dépouillé. Éloignons-nous : on est en danger toute sa vie quand on se mêle de ces sortes de choses.

Et, s’éloignant à la hâte, il tourna l’angle de la chapelle.

Maintenant la terrible apparition était hors de sa vue.

Quand il eut longé le mur, il ne put s’empêcher de se retourner : l’homme avait quitté sa place, il s’avançait en regardant comme s’il eût cherché quelque chose. Le pauvre savetier crut défaillir ; il s’arrêta en se disant, tout tremblant :