Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/14

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Sema soutint l’inconnu de son bras et l’aida à se remettre debout.

Il avait un visage charmant, et son corps avait des formes fines et délicates ; les pieds et mains ne montraient aucune trace de callosité. Sema lui jeta le kaftan sur les épaules, et, comme l’inconnu n’arrivait pas à passer les manches, il lui prit la main et l’aida, puis il ferma le kaftan sur sa poitrine, ramena les basques l’une sur l’autre et serra la taille avec la ceinture de cuir. Puis il ôta sa vieille casquette pour en coiffer son frère malheureux, mais, à ce moment, il sentit un froid piquant sur sa tête découverte et il fit cette réflexion :

— Après tout, je suis chauve, tandis qu’une épaisse forêt de cheveux garantit sa tête.

Et il remit sa casquette.

— Chaussons-le plutôt, reprit-il.

Il le fit asseoir et lui passa les vieilles chaussures de feutre qu’il avait aux pieds. Après l’avoir ainsi vêtu, il lui dit d’un ton cordial :

— C’est bien, frère. Maintenant, un peu de mouvement pour te réchauffer. Avec cela, on se tire d’affaire. Peux-tu marcher ?