Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/21

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— Ce ne peut être un homme de bien, se dit Matréma… Il me fait peur !

Elle recula et se colla au poêle, attendant, l’air mauvais, ce qui allait advenir. »

Sema ôta sa casquette de cuir, s’assit sur le banc. Tout préoccupé d’héberger son hôte, il demanda à Matréma :

— Eh bien ! petite femme, qu’est-ce que tu donnes à souper ?

La ménagère, changée en statue devant son poêle, marmotta quelque chose entre ses dents. Elle regardait alternativement les deux hommes et secouait la tête de l’air le plus mécontent.

Sema fit comme s’il ne voyait rien, et, prenant la main de l’étranger, il lui dit d’un ton affectueux :

— Assieds-toi, frère, et prenons un morceau ensemble.

L’étranger s’assit timidement aux côtés de Sema.

Celui-ci reprit :

— Dis, petite femme, ne te reste-t-il rien de ta cuisine ?