Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/25

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IV


― Si c’était un homme de bien, dit-elle à Sema, il ne se promènerait pas tout nu, sans même avoir une chemise sur le corps : s’il était là pour quelque bonne action, il y a longtemps que tu m’aurais dit ou tu l’as rencontré.

— Mais je ne demande qu’à le dire. Je suivais tranquillement ma route ; devant la chapelle, je vois cet homme couché au pied du mur ; il était nu comme l’enfant qui vient de naître ; le froid l’avait déjà roidi, car, par le temps qu’il fait, il n’est pas agréable d’être dehors sans un vêtement sur le dos. C’est Dieu qui m’a conduit vers lui, car, sans moi, il ne serait déjà plus en vie ! Que fallait-il faire ? On ne sait ce qui peut arriver en ce monde. Je n’hésitai pas : je partageai nos habits avec lui, et lui dis de venir avec moi.