Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/29

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la chemise de son mari, et son cœur se contractait douloureusement ; mais alors elle revoyait le sourire si doux et si affectueux qui avait répondu à ses bienfaits, et aussitôt la joie remplaçait l’amertume. Elle resta longtemps ainsi éveillée, s’apercevant bien que Sema ne dormait pas non plus, car il tiraillait le kaftan et le mettait tout entier sur lui.

— Sema ! dit-elle.

— Quoi donc ?

— Notre dernier reste de pain est mangé. Je n’en ai pas mis d’autre au four. Qu’allons-nous faire demain ? Faudra-t-il aller en emprunter chez Malouja, la voisine ?

— Pourvu que nous ayons la vie, nous trouverons bien de quoi manger.

Cette réponse fit taire Matréma, qui, cependant, reprit un moment après :

— On voit que cet homme n’est pas un méchant. Mais pourquoi ne veut-il pas se faire connaître ?

— Eh ! mais, parce qu’on le lui a défendu, sans doute.

— Écoute donc, Sema.

— Quoi encore ?