Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/192

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peut enseigner que par la bonne parole et le bon exemple. Lorsqu’on rend le mal pour le mal on n’instruit pas, mais on déprave.

3. L’erreur qu’on peut supprimer le mal par la punition est tout particulièrement dangereuse, pour cette raison que les gens qui commettent ainsi le mal considèrent que cela est non seulement permis, mais encore bienfaisant.

4. Par la punition, par la menace du châtiment on peut effrayer l’homme, le retenir du mal pour un temps, mais on ne peut le corriger.

5. La plus grande partie des malheurs des gens provient de ce que les hommes—pécheurs—se sont reconnu le droit de punir.

6. La preuve la plus éclatante de ce que sous le nom de « science » on entend souvent des choses insignifiantes, voire monstrueuses, est dans l’existence d’une science de punitions, c’est-à-dire visant l’acte le plus grossier qu’un homme puisse commettre.

II. — Superstition de l’efficacité de la vengeance.

1. De même qu’il existe des superstitions d’idolâtrie, de présages, de culte extérieur, etc., il existe chez les hommes une superstition universelle en vertu de laquelle les uns peuvent contraindre les autres à mener une bonne vie. Les