Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/229

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non seulement pour les autres, mais pour les raisonneurs eux-mêmes, et cela au même degré que les discours des professionnels de la foi. Le savant pédant, en se servant de termes latins et de nouveaux mots, rend souvent les choses les plus simples tout aussi incompréhensibles que le sont les prières latines des prêtres catholiques pour les paroissiens illettrés. Le mystère n’est pas un signe de sagesse et de science. Plus un homme est véritablement éclairé, plus le langage dont il exprime ses pensées est simple.

II — La science sert à justifier l’organisation de la vie sociale.

1. Il semblerait que pour reconnaître l’importance des occupations qu’on qualifie de scientifiques, il faudrait prouver leur utilité. Mais les servants de la science affirment ordinairement que dès l’instant qu’ils s’occupent de certains sujets, ces occupations seront sûrement utiles un jour.

2. Le but légitimement poursuivi par la science est la connaissance des vérités servant au bonheur des hommes. Le faux but est de justifier les mensonges qui insinuent le mal dans notre vie. Telles sont la jurisprudence, l’économie politique et, surtout, la philosophie et la théologie.

3. La science contient les mêmes mensonges que la religion et elles partent du même point : le désir de justifier les faiblesses des hommes, et c’est pourquoi les mensonges