Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/240

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9. Les sages ne sont jamais savants, les savants ne sont jamais sages. LAO-TSEU.

10. Les hiboux voient dans l’obscurité, mais deviennent aveugles à la clarté du soleil. Il en est de même des savants. Ils connaissent quantité de futilités scientifiques, mais ils ne savent pas et ne peuvent rien savoir de ce qui est le plus nécessaire dans la vie : comment l’homme doit vivre sur la terre.

11. Le sage Socrate disait que la bêtise ne provient, pas de peu de science, mais de ce qu’on ne se connaît pas soi-même, et qu’on croit connaître tout ce que l’on ignore. Il appelait cela bêtise et ignorance.

12. Quand l’homme connaît toutes les sciences et parle toutes les langues, mais ignore ce qu’il est et ce qu’il doit faire, il est bien moins instruit que la vieille femme illettrée qui croit à son Seigneur le sauveur, c’est-à-dire en Dieu, selon la volonté duquel elle reconnaît qu’elle vit, et elle sait que ce Dieu exige d’elle une vie juste. Elle est plus instruite que le savant, parce qu’elle possède la réponse à la question essentielle : ce qu’est sa vie et comment doit-elle vivre ; tandis que le savant, tout en possédant des réponses ingénieuses à toutes les questions complexes, mais peu importantes de la vie, n’a pas de réponse à la question principale de tout homme de raison : pourquoi je vis et que dois-je faire ?