Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/308

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nous nous reconnaissons notre nature d’êtres charnels ou d’êtres spirituels. Dans le premier cas, nous affaiblissons notre vie réelle, nous développons, nous excitons les passions, la cupidité, la lutte, la haine, la crainte de la mort. Tandis que si nous reconnaissons notre nature d’êtres spirituels, nous exaltons, nous élevons la vie, nous la libérons des passions, de la lutte, de la haine, nous libérons l’amour. Le transfert de la conscience de l’être charnel dans un être spirituel s’effectue au moyen d’un effort de pensée.

3. Voici ce que Sénèque écrivait à un ami : « Tu fais bien, mon cher Lucain, de tâcher de maintenir ton esprit bon et charitable par tes propres forces. Tout homme peut toujours se mettre dans cet état d’âme. Pour cela, on n’a pas besoin d’élever les bras au ciel et de demander au garde du temple la permission de nous approcher de Dieu afin qu’il puisse mieux nous entendre : Dieu est toujours près de nous, Il est en nous. En nous vit le Saint Esprit, témoin et gardien de tout ce qui est bon et de tout ce qui est mauvais. Il agit avec nous comme nous agissons envers Lui. Si nous le soignons, Il nous soigne. »

4. Lorsque, plongés dans nos pensées, nous ne savons pas ce qui est bon et ce qui est mal, nous devons nous retirer du monde ; seule la préoccupation de l’opinion du monde nous empêche de voir le bien et le mal. Se retirer du monde—c’est-à-dire rentrer en soi-même, —c’est aider à la dispersion de tous les doutes.

5. Il n’est facile de lutter avec les tentations que lorsqu’on ne leur est pas encore assujetti.