Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/413

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IV. — La vraie vie est la vie spirituelle.

1. La vie humaine, pleine de souffrances corporelles pouvant s’arrêter à tout instant, doit avoir, pour ne pas être la plaisanterie la plus grossière, un sens conformément auquel elle ne peut être troublée ni par les souffrances, ni par sa longue durée, ni par sa brièveté. Or la vie humaine a ce sens. Il est dans notre conscience de plus en plus nette de receler en nous Dieu.

2. La vie humaine est une communion continue de l’être spirituel, isolé par le corps, avec ce à quoi il a conscience d’être uni. Que l’homme le comprenne ou non, qu’il le veuille ou non, cette communion s’opère irrésistiblement par l’état que nous appelons : vie humaine. La différence entre les hommes qui ne comprennent pas leur destination et ne veulent pas vivre conformément à elle, et ceux qui la comprennent et veulent vivre conformément à elle, consiste en ce que la vie de ceux qui ne la comprennent pas, est une souffrance continuelle, alors que la vie de ceux qui la comprennent et qui accomplissent leur destination, est un bien continu qui augmente sans cesse.

3. Rien ne confirme de façon aussi éclatante, que l’œuvre de la vie est dans le perfectionnement moral, que le fait que, si variés que soient tes désirs en dehors de ce perfectionnement, et bien qu’ils soient entièrement réalisés, l’attrait du désir s’éteint aussitôt que le but est réalisé.