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fabricant ne pouvait comprendre qu’on voulût restreindre ses bénéfices et lui ôter la liberté de s’enrichir lui-même en enrichissant les autres.

Quand il s’agissait de rémunérer les services des premiers employés de l’État, d’un administrateur intègre et expérimenté, d’un juge éminent, d’un ingénieur habile, d’un savant remarquable, etc., oh, alors, nos industriels trouvaient qu’on avait bien raison de mettre une limite aux appointements de ces fonctionnaires et de ne leur donner jamais plus de 12,000 fr. Beaucoup même prétendaient que c’était encore trop et déclamaient contre les gros traitements qui ruinent le Trésor public.

Mais, lorsqu’il était question du revenu d’un limonadier, d’un fabricant de chandelles, d’un entrepreneur de vidanges et de toutes les autres industries ; nos mécontents ne mettaient plus de bornes à leur générosité ; 30, 50, 100, 200 mille fr. de bénéfices annuels ne leur semblaient pas trop pour récompenser dignement les talents hors lignes d’un industriel, et restreindre la fortune de celui-ci, la rendre égale à celle des premiers fonctionnaires de l’État, c’était commettre l’iniquité la plus révoltante et se rendre coupable du crime de lèse-civilisation.

Le Gouvernement ne tint absolument aucun compte de toutes ces récriminations et, comme il avait pour lui l’opinion publique, il veilla plus