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L’EXODE

— Au revoir, ma Sœur ! Ne rêvez pas trop des Allemands !

Tout à coup, la porte fut poussée, deux fillettes se précipitèrent, et le parloir s’emplit de jeunesse et de fraîcheur :

— Bonjour, Philippe ! Comment va Lysette ?… Bonjour, maman ! Regarde nos médailles !… C’est-y vrai que la guerre est à Bruxelles ?

— Asseyez-vous, dit Mme  Claveaux, et, si vous voulez qu’on vous réponde, ne parlez pas toutes les deux à la fois.

Des cheveux plats, des mains rouges, de beaux yeux encore naïfs, un uniforme bleu-marine, un ruban d’azur autour des épaules, une médaille de la Vierge qui « balivotait » à chacun de leurs mouvements, telle fut l’impression que Philippe reçut de ses jeunes amies, qui se ressemblaient au point d’embrouiller ses souvenirs et de lui faire confondre Yvonne avec Jeanneton.

Encore les distinguait-il par la différence de leur caractère.

Yvonne était douce et plaintive ; Jeanne se montrait vive, futée, et aussi moins banale.

Animées par le plaisir de la visite, elles rossignolaient à étourdir toute autre personne que leur mère, dont le calme résistait même aux bourrasques de son mari.

— Et alors, dit Philippe, on s’amuse donc toujours ?

— Pourquoi pas ?

— Mais… votre ancien pensionnat me semblait moins lugubre.