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l’exode

La villa — une de ces maisonnettes bâties par centaines d’après un plan commun, et qui rendent si monotones la plupart des rues anglaises — comprenait un salon encombré de bibelots et de photographies, une salle à manger qui sentait la poussière, une cuisine aux murs souillés de graisse, et dont le poêle, mi-ouvert, mi-fourneau, parut à Mme Héloir aussi laid que peu pratique.

Dans les chambres, des lits à suffisance, mais point de draps.

— Que faire ? soupira-t-elle.

— C’est bien simple, dit Philippe, nous apprendrons à nous en passer.

S’étant fait inscrire à l’Hôtel de ville, Marthe s’y informa de l’adresse des Fontanet.

Par un après-midi pluvieux de novembre, les Héloir se dirigèrent, le front baissé sous le vent, vers la pension de famille, où leurs amies sans doute ne manqueraient pas de s’étonner de les voir.

La maison avait grande apparence, dans une large rue bordée de jardins. Une bonne, coiffée d’un papillon de bonnet, fit attendre les visiteurs sur une stalle de vieux chêne.

— Respectable ! murmura Lysette, qui s’inclina, les mains croisées sur sa maigre poitrine.

Mais une porte s’ouvrit. Mme Fontanet parut, et, levant les bras, oublieuse des convenances, dont elle avait si grand souci, elle s’écria :

— Non !… ce n’est pas possible !