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L’EXODE

n’avait pas dit un mot qui pût blesser personne, ce qui était si rare et si contraire à la médisance nationale qu’on s’accordait à la déclarer charmante.

Lorsque Marthe lui eut proposé de vivre en commun pour alléger les frais de ménage, Mme Van Weert en fut toute réjouie :

— Quelle chance !… Nous n’avions plus les moyens de nous soutenir dans notre boarding house… Pourquoi ne pas m’avoir demandée plus tôt ?… Si j’avais su !… Mais je vous croyais dans l’abondance !

— Il nous reste environ trois mille francs, dit Marthe. J’espère qu’ils nous suffiront pour traverser la guerre. Malheureusement, nous n’avons ni linge, ni couverts !

— Oh ! ne vous inquiétez pas ! Nous avons quatre malles bien garnies. L’argent seul nous fait un peu défaut, mais on prétend que la guerre se terminera bientôt. Kitchener a trouvé ses trois cent mille hommes.

— Vraiment ?

— On l’affirmait hier, au club des dames anglaises.

— Oh ! alors…

— N’est-ce pas ?… Nous pouvons être tranquilles.

— Tout de même, fit Marthe, s’ils pouvaient se dépêcher un peu… Mon budget n’a pas le temps d’attendre. Et je me demande ce que nous deviendrons, si le Big Push fait long feu.

Bien que la venue des Van Weert allégeât leurs inquiétudes, les Héloir n’en soupirèrent pas moins à les