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Que l’on parcoure les foires qui se tiennent dans les diverses localités ; que l’on pénètre au milieu des chevaux entiers, soigneusement séparés des juments, et même des chevaux hongres, et l’on devra s’estimer très-heureux si l’on en est quitte pour quelques contusions, car souvent on s’y fait casser un membre, et quelquefois on y laisse la vie ; tandis que du côté des chevaux hongres, on ne court presque aucun danger d’être blessé.

Que de mal n’a-t-on pas d’ailleurs, lorsque, dans ces foires, on a acheté plusieurs de ces chevaux entiers, pour les conduire à destination ! Il faut des précautions infinies pour éviter d’être blessé, et souvent on est obligé de martyriser ces pauvres bêtes pour les empêcher de se faire de mal entre elles ou de blesser les conducteurs. Et cependant, à peine ces chevaux, si fougueux, si méchants et si dangereux à aborder, sont-ils châtrés et guéris de cette opération, qu’ils deviennent doux et faciles à conduire et peuvent être approchés sans aucun danger. Si j’osais établir une comparaison, je parlerais des taureaux qui font la monte, et qui, arrivés à l’âge de quatre ou cinq ans, sont devenus très-dangereux et qu’on n’ose aborder à l’étable ou à l’herbage, qu’avec les plus grandes précautions. Les vachers même, qui les pansent journellement, ne les approchent qu’avec crainte et toujours avec précaution ; et cependant, ces animaux, châtrés à cet âge deviennent des bœufs très-dociles et se laissent alors atteler, sans montrer la moindre méchanceté ni la moindre impatience.