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qu’on avait pris auprès des cultivateurs, fut bien précise et bien nette : c’est qu’on ne remarquait aucune différence dans la force et la vigueur de ces animaux, soit qu’ils fussent entiers, soit qu’ils fussent hongres.

Si ces faits, dont on peut se convaincre journellement en Basse-Normandie, en entrant dans la première grande ferme venue, où l’on trouve toujours des termes de comparaison, ne suffisaient pas pour résoudre la question, on pourrait les appuyer d’une foule d’autres pris chez tous les maîtres de poste de l’est et du sud-ouest de la France. Là, tous les relais sont indistinctement formés de juments et de chevaux hongres de petite taille et de mince corpulence ; et, cependant, malgré les difficultés qu’offrent toujours les pays montagneux, et malgré l’insuffisance d’une nourriture toujours donnée avec parcimonie, ces chevaux chétifs font avec la malle-poste quatre lieues à l’heure ; ils vont par conséquent aussi vite dans ces montagnes, que peuvent le faire avec une abondante nourriture, les chevaux entiers des relais de poste du nord et de l’ouest sur le terrain plat.

Il est juste de dire que les chevaux hongres des relais de poste du midi ont un avantage immense sur ceux entiers des relais du nord ; c’est de rester complètement tranquilles après une course, de se reposer à l’aise, et de manger leur ration sans inquiétude ni passion ; ce que l’on ne rencontre pas parmi les chevaux entiers qui, à cause de la fougue de leurs désirs, ne sont jamais tranquilles, se battent sans cesse, même après une longue course.