Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/136

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mauvais. Et des infiltrations du Métro, bien sûr, et des groseilles vertes. Ah ! j’en veux, j’en veux ! Demandez-le vite.

Et la jeune modiste se tord de désir, dans sa jupe violacée : et tout juste dans sa jupe, c’est le mot. Car on voit bien, sans être lynx, que, n’étant cette molle étoffe, pareille à une nuit des tropiques, elle serait tout de suite comme Vénus au sortir du tub. Telle qu’elle, avec tout ce qu’elle fait deviner sous le lainage plaqué, qu’elle laisse voir — on se la figure plutôt comme une serpentine sœur d’Artémis, avec sa croupe sourcilleuse, avec ses jambes longues, pleines, minces, qu’habillent des bas lilas à bracelets rose pâle. (Ah quels bas ! Il n’y a vraiment qu’à Paris qu’on a du goût.)

— Alors, va pour du lemon-squash, fait Béhanzigue d’un air résigné. Et moi, garçon, je voudrais un Portofino Kulm. C’était recommandé sur toutes les affiches, l’été dernier.

— Mais, monsieur, je ne sais pas ce que c’est.

— Eh bien, portez-moi une bouteille de portwine, une d’eckau et une de vieille eau-de-vie — avec de la glace, et deux cuillères grande et petite. Je ferai le poison moi-même.

— Il faut être très riche pour boire ça, demande la jeune femme.

— Ah ! mon Dieu, non : il suffit d’être alcoolique.