Page:Toulet - Les Tendres Ménages, 1904.djvu/68

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en se jurant bien de ne pas laisser le monstre rôder autour de son ménage. Elle est en ce moment même agenouillée auprès de la commode en pitchpin, et ramène laborieusement, avec une ombrelle, quelques-uns de ces ronds de nacre et d'or, qui l'ont si fortement indignée il y a quelques heures. Ce n'est pas qu'elle les aime encore. Ceux de nacre surtout l'indisposent: ils sentent leur fruit davantage. Et puis elle les trouve prétentieux, avec ces chiffres qu'ils portent inscrits sur le ventre, au lieu de dire tout simplement, comme tant d'autres bibelots leurs confrères: Souvenir de Dieppe ou Pèlerinage national. Ah! en voici deux qui avaient réussi à se cacher aux trois quarts sous la plinthe. Elles profitent de l'ombrelle pour y entrer un peu davantage. Courte lutte; mais c'est Sylvère qui «les a». Ce sont des plaques de cinquante; elles sont d'une nacre plus belle, irisée et sombre, et d'un ovale oblong. «Deux mille francs», se dit Sylvère, en les faisant sauter dans sa main. Elle en est presque intimidée. Ce n'est pas qu'elle aime