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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/199

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qu’il y ait au monde. On a vu des épouses chrétiennes faire douze petits de suite ; d’autres en mettre au monde jusqu’à trois à la fois, et tous les trois, horrible détail, — viables. Les ménages ouvriers surtout sont incorrigibles : couples naïfs, insoucieux d’une porcelaine où entendre clapoter Malthus.

Les Lemploy eurent donc un second lardon, puis une môme et un mioche, suivis d’un moutard. Aucun d’eux ne mourait, et ils mangeaient tous comme des enfants de pauvres. Au cinquième, Clo-Clo tomba malade, ne put pas nourrir. Cela fit des frais, et d’autant moins opportuns que le père avait pris de mauvaises habitudes.

C’était un assez beau gas, cet électricien ; de ceux que les femmes du peuple jugent « costaux ». Il avait les épaules larges, une moustache qui reluisait de cosmétique, la main grande, douce et velue. Brutal de son naturel, comme sont d’ordinaire les hommes caressants, il la levait souvent cette main, mais au grand dam surtout de ses amoureuses ; car d’ailleurs il n’aimait pas beaucoup à taper sur sa propre famille.

D’amoureuses il ne manquait point, ayant trompé sa femme aussitôt qu’elle le fut devenue.