Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/211

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bon charpentier… Voyez comme sa baba est désolée… Ça ne s’achète pas, des larmes de babas… D’ailleurs, les larmes, c’est de l’eau… oui…

Il se pencha, passa sous le museau de la pristiajnaïa[1], saisit des deux mains la douga.

— Cependant, remarquai-je, il faut faire quelque chose.

Il s’appuya d’un genou contre la korennaïa, secoua la douga, rajusta un harnais, repassa sous le museau de la pristiajnaïa, lui donna un coup de poing sur le nez et revint à la roue malade. Longtemps, attentivement, il la considéra, puis, sans se presser, il tira de son cafetan une tabatière en écorce de bouleau, y fit pénétrer non sans peine deux de ses gros doigts, tassa la poudre, puis renifla, puis prisa bruyamment quatre fois, ce qui bouleversa ses traits et remplit ses yeux de larmes. Alors il resta rêveur.

— Eh bien ! quoi ? finis-je par lui demander.

Il remit soigneusement sa tabatière dans sa poche, enfonça d’un mouvement de tête, et sans y porter la main, son bonnet sur ses sourcils et grimpa pensivement sur son siège.

— Que fais-tu donc ? lui criai-je.

— Veuillez monter, me répondit-il en prenant les guides.

  1. Le cheval de côté.