à côté d’Arkadi Pavlitch, je m’ennuyai d’autant plus que, depuis quelques heures, mon interlocuteur n’ayant plus rien à me dire commençait à se poser en ennemi des libertés publiques. Enfin nous arrivâmes, non à Riabovo, mais à Chipilovka. Il était trop tard pour que je songeasse à chasser ce jour-là : et je me résignai le cœur serré.
Le cuisinier nous avait précédés de quelques minutes. Je crus m’apercevoir qu’il avait fait quelques préparatifs et averti le personnage le plus intéressé à connaître d’avance notre visite. À l’entrée même du village nous vîmes accourir le starost, fils du bourmistre, paysan vigoureux, roux, haut de six pieds, à cheval, sans bonnet, vêtu de son meilleur armiak ballant.
— Où est Sofron ? demanda Arkadi Pavlitch.
Avant tout le starost mit pied à terre, s’inclina jusqu’à la ceinture et marmotta :
— Salut, batiouchka Arkadi Pavlitch.
Puis il releva la tête et dit que Sofron était à Perov, mais que déjà on était allé le chercher.
— Eh bien ! suis-nous, dit Arkadi Pavlitch.
Le starost, par convenance, prit à gauche puis remonta à cheval et se mit à trotter derrière nous, le bonnet à la main. Nous traversâmes le village, nous rencontrâmes quelques