Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/286

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— J’y suis. Vous autres, retirez-vous avec votre nouveau chauffeur. L’Allemand n’aurait qu’à passer par ici et il ferait des cancans.

Le caissier lissa ses cheveux, toussa dans sa main que recouvrait sa longue manche et partit à grands pas pour se rendre chez sa bârinia. Les dvorovis sortirent à sa suite avec Koupria. Il ne restait plus dans le comptoir que ma connaissance, le commis de service. Il s’était mis à tailler des plumes, et puis il s’était endormi et quelques mouches profitant de l’occasion se collèrent autour de sa bouche et un cousin se posa sur son front et lui plongea son dard dans la peau. La tête rousse avec ses favoris se montra de nouveau contre la porte, elle regarda, regarda, et enfin s’avança dans le comptoir, accompagnée d’un corps assez laid.

— Fediouchka, Fediouchka, tu ne fais donc que dormir ?

Le commis de garde ouvrit les yeux et se leva.

— Nikolaï Eréméitch est allé chez la bârinia ?

— Il y est allé, Vassili Nikolaevitch.

« Ah ! ah ! pensai-je, voilà le principal caissier. »

Le principal caissier se mit à louvoyer dans le bureau. Il glissait plutôt qu’il ne marchait. Sur ses épaules se balançait un vieux frac noir aux pans très étroits. Il tenait une main sur sa poitrine