Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/287

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et de l’autre remontait sans cesse sa cravate haute et serrée et agitait sa tête avec effort. Il portait des bottes en peau de chèvre qui ne faisaient point de bruit.

— Aujourd’hui, Iagouchkine, le pomiéstchik est venu vous demander.

— Ah ! il m’a demandé ?

— Il a dit qu’il passerait ce soir chez Tuturov et qu’il vous attendrait là : « J’ai à lui parler d’affaire… » Et il n’a pas dit de quelle affaire.

— Hum ! dit le principal caissier et il se mit à la fenêtre.

— Nikolaï Eréméitch est-il au comptoir ? cria une voix forte dans l’antichambre, et un inconnu franchit le seuil. Il était grand, proprement vêtu, il avait le visage irrégulier, mais la physionomie expressive et hardie.

— Il n’est pas ici ? demanda-t-il en regardant autour de lui.

Il semblait furieux.

— Nikolaï Eréméitch est chez la bârinia ; que vous faut-il, Pavel Andreitch, vous pouvez me le dire.

— Ce qu’il me faut ? Vous voulez le savoir ? (Le caissier baissa la tête avec un frémissement maladif.)

— Je veux lui donner une leçon, à ce ventru,