Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/300

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— On maraude dans la forêt, répondit-il, on coupe un arbre du côté du ravin de Kobil.

— Tu entends cela d’ici.

— De ma cour.

Nous sortîmes ensemble.

La pluie avait cessé. Au loin s’amoncelaient encore d’énormes nuages et de temps en temps brillaient de longs éclairs ; mais au-dessus de nous le ciel était d’un bleu sombre et quelques étoiles brillaient à travers les nuages pluvieux. Les contours des arbres chargés de pluie et agités par le vent commençaient à se dessiner dans l’ombre. Nous écoutâmes. Le forestier ôta son bonnet et se pencha.

— Voilà, dit-il tout à coup en indiquant une direction, voyez quelle nuit ils ont choisie.

Je n’entendais rien que le bruit du feuillage. Le Biriouk tira le cheval de l’avant-toit.

— Je vais peut-être les manquer comme cela.

— J’irai avec toi… veux-tu ?

— Soit, répondit-il en remettant la jument sous l’avant-toit. Je les surprendrai et puis je vous conduirai. Venez.

Nous partîmes. Le Biriouk marchait rapidement, mais je le suivais de près. Je ne puis comprendre comment il pouvait se diriger avec tant d’assurance. Il s’arrêtait parfois, mais c’était pour