Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/107

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beau monde ; et, éclatant d’un rire lourd et dur, il recommença à regarder en l’air. Tout le reste de la société s’associa à sa jubilation.

What a sad dog you are, Boris ! fit observer à demi-voix Ratmirof. Il prononçait à l’anglaise jusqu’au nom de Boris.

— Irène ! fit pour la troisième fois la dame au chapeau jaune.

Irène se retourna brusquement de son côté.

— Eh bien, quoi ? que me voulez-vous ?

— Je vous le dirai plus tard, répondit la dame en minaudant. Quoiqu’elle fût peu jolie, elle ne cessait de se donner des airs ; un mauvais plaisant avait dit qu’elle minaudait dans le vide.

Irène fronça le sourcil et haussa les épaules avec impatience.

— Mais que fait donc M. Verdier ? Pourquoi ne vient-il pas ? s’écria une dame avec ces inflexions traînantes si choquantes pour les oreilles françaises, qui caractérisent la manière de parler des Russes.

— Ah voui, ah voui, msié Verdier, msié Verdier, gémit une autre dame débarquée directement d’Armazas.

— Tranquillisez-vous, mesdames, interrompit Ratmirof, M. Verdier m’a promis de venir se mettre à vos pieds.

— Hi, hi, hi ! La dame joua de l’éventail.

Le garçon apporta quelques verres de bière.

Bairish Bier ? demanda le général aux longs