Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/136

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— Je suis, grâce à Dieu, bien portant, répondit Litvinof.

— C’est ce qu’il y a de mieux, continua le général en souriant d’un air gracieux, on ne vient généralement pas à Baden pour se guérir, cependant ses eaux sont très efficaces et celui qui souffre comme moi d’une toux nerveuse…

Irène se leva avec impétuosité.

— Nous nous reverrons, Grégoire Mikhailovitch, et, je l’espère, bientôt, dit-elle en français, coupant dédaigneusement la parole à son mari ; maintenant je suis obligée de faire ma toilette. Cette vieille princesse est insupportable avec ses éternelles parties de plaisir où l’on ne trouve que de l’ennui.

— Vous êtes aujourd’hui bien sévère pour tout le monde, marmotta le mari en gagnant sa chambre.

Litvinof se dirigeait vers la porte. Irène l’arrêta.

— Vous m’avez tout raconté, dit-elle, vous m’avez pourtant caché le plus important.

— Qu’est-ce ?

— On dit que vous vous mariez.

Litvinof rougit jusqu’aux oreilles. C’est avec intention qu’il n’avait pas parlé de Tatiana ; il lui était fort désagréable qu’Irène eût découvert ses intentions de mariage ainsi que son désir de les lui cacher. Il ne savait que dire tandis que les yeux d’Irène ne le quittaient pas.

— Oui, je me marie, dit-il enfin, et il se retira aussitôt.

Ratmirof rentra dans la chambre.