Page:Tourgueniev - Premier Amour, trad. Halpérine-Kaminsky.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
PREMIER AMOUR

— Je ne sais rien inventer ! s’écria-t-il.

— Quelle bêtise ! fit Zinaïda. Eh bien ! imaginez-vous que vous êtes marié, et dites-nous comment vous passeriez le temps avec votre femme. Vous l’enfermeriez ?

— Je l’aurais enfermée.

— Et vous seriez resté enfermé avec elle ?

— Et je serais resté tout le temps avec elle.

— Très bien ! mais si cela l’avait ennuyée et qu’elle vous eût trompé ?

— Je l’aurais tuée !

— Et si elle s’était sauvée ?

— Je l’aurais rattrapée et je l’aurais tuée.

— C’est bien ! Maintenant, si c’était moi votre femme, qu’est-ce que vous auriez fait ?

Belovzorov ne répondit pas tout de suite.

— Je me serais tué.

Zinaïda sourit.