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PREMIER AMOUR

poison dans toutes mes veines ; le sang me montait à la tête.

« Ainsi, voilà ce qui se passe, me disais-je en moi-même, c’est bien ! Ce n’est pas impunément que quelque chose m’attirait au jardin. Eh bien ! il n’en sera pas ainsi ! » m’écriai-je à haute voix, et je frappai ma poitrine du poing, sans savoir bien au juste ce qui ne serait pas ainsi.

« Serait-ce Malevsky lui-même qui viendrait au jardin ? Il s’est peut-être trahi. Il a pour cela assez d’impertinence. Ou serait-ce quelqu’un autre ? » — La haie de notre jardin était très basse, et il n’était pas difficile de l’enjamber. — « En tout cas celui qui me tombera sous la main n’aura pas à s’en féliciter et je ne souhaite à personne de me rencontrer. Je prouverai au monde entier et à elle, cette traîtresse (je l’appelais traîtresse), que je sais me venger. »