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PREMIER AMOUR

j’en goûtai quand même la douceur ; je savais qu’il ne se répéterait jamais plus.

— Adieu ! adieu ! répétai-je…

Elle s’arracha de moi et sortit. Je partis aussi. Je ne suis pas capable d’expliquer le sentiment avec lequel je partis. Je ne désirerais pas qu’une pareille émotion se renouvelât, mais je serais malheureux de ne l’avoir jamais éprouvée.

Notre déménagement s’effectua.

Bien longtemps je fus avant de pouvoir me débarrasser du passé, et bien longtemps je restai avant de me remettre à l’ouvrage. Ma blessure se guérissait lentement, mais contre mon père, je n’éprouvais aucun mauvais sentiment. Loin de là, il semblait grandi à mes yeux. Que les psychologues expliquent comme ils le voudront ce contresens…


Un jour, en me promenant dans un jardin