Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/246

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comme leurs ennemis déclarez. Les restes des Dix mille évitoient avec soin ces sortes de villes pour se rendre aux Colonies des Grecs ; mais ce n’étoit ordinairement qu’en combattant. Quoique Cerasonte n’ait jamais eté une ville fort considérable, on ne laisse pas d’en trouver des Médailles. On en voit à la teste de M. Aurele, sur le revers desquelles est un Satyre debout, qui de la main droite tient un flambeau et une houlette de la gauche. On voit bien par là que ce n’étoit pas une ville de commerce maritime ; elle se faisoit valoit plutost par ses bois et par ses troupeaux.

Nous relachâmes ce jour-là à 36 milles de Cerasonte pour aller achetter des provisions à Tripoli village dont Arrien et Pline ont fait mention, et dont on trouvera ici le dessein. Ensuite nôtre petite flotte vint donner fond à trois milles au dessous, à l’entrée d’une riviere qui portoit apparemment le même nom que la ville du temps de Pline. On a travaillé autrefois des mines de cuivre le long de cette riviere, car on y trouve encore beaucoup de récremens de ce métail, couverts de vitrifications émaillées de blanc et de vert. Toutes ces côtes sont agréables et la nature s’y est conservée dans sa beauté, parce que depuis long-temps il n’y a pas eû assez d’habitans pour les détruire. Nous y observâmes un arbrisseau qui, selon les apparences, est le Raisin d’Ours de Galien.

Cet arbrisseau vient de la hauteur d’un homme. La tige en est épaisse comme le bras, le bois blanchâtre, l’écorce gresle, mêlée de brun, gercée et dont la premiere peau se détache facilement. Cette tige pousse plusieurs branches dés le bas, grosses comme le pouce, quelquefois davantage, subdivisées en rameaux revetus d’une écorce vert-pâle. Tous ces rameaux sont chargez de nouveaux jets couverts d’une écorce nette et luisante, garnis de