Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/368

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du fleuve Kur, voisins par conséquent des Armeniens du côté du Couchant, et des Albanois du côté du Levant ; car ceux-ci occupoient les terres qui sont au-delà du Kur jusques à la mer Caspienne. Ces Iberiens, peuples fort aguerris, se declarérent contre Lucullus pour soutenir Mithridate et Tigrane son gendre. Plutarque remarque qu’ils n’avoient jamais eté soumis, ni aux Medes, ni aux Perses, ni même au grand Alexandre ; néanmoins ils furent battus par Pompée qui s’avança jusques à trois journées de la mer Caspienne, mais il ne put la voir, quelque envie qu’il en eût, à cause que tout le pays étoit couvert de Serpens dont les morsures étoient mortelles. Artoces qui regnoit alors chez les Iberiens, tâcha d’amuser Pompée sous pretexte de rechercher son amitié ; mais Pompée entra dans ses terres, et s’en vint à Acropolis où le Roy tenoit sa Cour. Artoces surpris et épouvanté s’enfuit au-delà du Kur et brûla le Pont. Tout se soumit aux Romains, qui par là se rendirent les maîtres d’une des principales gorges du Mont Caucase. Pompée y laissa des garnisons et acheva de soumettre le pays qui est le long du Kur. Ne peut-on pas conjecturer que Teflis est l’ancienne ville d’Acropolis capitale de l’Iberie fur le fleuve Kur ? le nom et la situation de cette ville favorisent tout-à-fait cette pensée.

Pompée sans vouloir écouter aucunes propositions de paix, poursuivit et vainquit Artoces. C’est apparemment de ce combat dont parle Plutarque dans la vie de cet illustre Romain, où il assûre qu’il resta neuf mille Iberiens sur la place, et que l’on fit plus de dix mille prisonniers. C’est aussi ce même Artoces qui, pour obtenir la paix, envoya à Pompée son lit, sa table et la selle de son cheval. Quoique toutes ces pieces fussent d’or, Pompée qui ne voulut écouter aucun accommodement qu’il n’eût receû le fils