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laquelle nous trouvâmes une banquette haute de trois pieds, sur quoi chacun êtendit son équipage. Les Turcs ne portent qu’un tapis pour tout meuble de nuit. Ce lieu n’étoit éclairé que par des ouvertures plus petites que les fenêtres des chambres des Capucins. Nous fûmes heureux de trouver cette retraite, car outre qu’il plût presque tout le jour, il tombe aussi de la grêle pendant toute la nuit. Nous observâmes ce jour-là des Amandiers sauvages qui sont beaucoup plus petits que l’Amandier commun, mais leurs branches ne sont pas terminées par un piquant comme celles de l’Amandier sauvage qui naît en Candie. Les feüilles de l’espece dont nous parlons, n’ont que quatre ou cinq lignes de large sur un pouce et demi de long, et sont de même couleur et de même tissure que celles de nos Amandiers. Le fruit du sauvage est à peine de 8 ou 9 lignes de long sur 7 ou 8 lignes de large, mais il est tres-dur. Le noyau est moins amer que celui de nos amandes ameres, et sent le noyau du fruit du Pescher. On voit aussi dans ces quartiers-là une espece de Micocoulier qui me parut fort remarquable.

Cet arbre ne vient guere plus haut qu’un Prunier, mais il est plus touffu ; ses branches ont le bois blanc avec l’écorce vert-brun ; ses feüilles sont plus roides et plus fermes que celles de nôtre Micocoulier, plus petites, plus épaisses, moins pointuës, longues ordinairement d’un pouce et demi, assez semblables à celles du Pommier, mais de la tissure de celle du Micocoulier ; elles sont vert-brun en dessus, vert-blanchatre en dessous, de saveur d’herbe, dentées sur les bords, et l’une des oreilles de leur base est plus petite et plus basse que l’autre. Les fruits naissent dans les aisselles de ses feüilles, longs de 4 lignes presque ovales, jaunes, tirans sur le brun quand ils sont bien meurs. Leur chair est jaunatre, douce mais stipti-