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— La lettre de Brunet nous suffit, répondit Jules de Goncourt en roulant soigneusement son lambeau de papier.

— Oui, tout est là, dit Edmond.

L’Histoire de la Société française sous l’Empire devait rester à l’état de projet, tout comme un Paris au XVIIIe siècle dont Jules avait entrepris de graver les planches ; mais les Portraits intimes, Sophie Arnould, les Maîtresses de Louis XV, l’Histoire de Marie-Antoinette entraînèrent des frais de documentation dont ils ne trouvèrent pas la rémunération, tant s’en faut, chez leurs éditeurs. C’est ainsi qu’ils vendirent 300 francs à Dentu les Portraits intimes, pour lesquels ils avaient, assurent-ils, dépensé deux ou trois mille francs d’autographes.

Ils n’avaient pas mis en œuvre dans ces deux premières séries de portraits (la troisième est restée à l’état de projet), non plus que dans leurs autres livres, toute la réserve patiemment et parfois chèrement conquise. D’autres curiosités les sollicitaient d’ailleurs, et, si je ne me trompe, bon nombre de ces pièces rentrèrent dans la circulation. Le lot qu’ils en avaient conservé était fort attrayant encore et leur permit de réaliser un de leurs desiderata de curieux.

«… Je demande, écrivait Edmond (la Maison d’un artiste, I, p. 239), je demande au libraire chargé de ma vente après ma mort de donner à cette réunion ce titre sur son catalogue :

Bibliothèque du XVIIIe siècle.
Livres, manuscrits, autographes, affiches, placards.

« Ce titre peut seul donner l’idée de mon goût des livres. Il a fallu toujours qu’il s’y mêlât un peu de l’inédit épars dans le manuscrit et l’autographe. Et même dans l’imprimé, le morceau de papier qui n’était pas un livre et dont je fabriquais un livre, au moins une plaquette, avait pour moi