Page:Tourzel - Souvenirs de quarante ans, 1861.djvu/241

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ma sœur entraient en prison pour la première fois. Tous quatre nous étions fort tristes. Pendant la formalité de l’écrou, on nous fit entrer dans une grande salle qui avait été, dans un meilleur temps, le réfectoire des bénédictins. Nous nous jetâmes sur des chaises sans échanger un seul mot.

Un homme petit, vieux, très-maigre, vêtu d’une camisole de nuit d’indienne, qui ne lui descendait qu’à mi-corps, couvert d’une coiffe de nuit, un balai à la main, était occupé à nettoyer la salle. Il s’approcha de nous d’un air entre la goguenardise et l’intérêt, et nous dit : « Mesdames, il y a huit jours j’étais comme vous, triste et silencieux ; il paraît que vous êtes des nôtres : dans huit jours vous aurez pris votre parti comme moi. » Il reprit son balai et continua à balayer.

Cette apostrophe bizarre, la tournure, l’air