Page:Traces de buddhisme en Norvége.djvu/66

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pays qui porte aujourd’hui le nom de Turkestân, car il dil ensuite qu’Odin, en quittant sa patrie avec sa suite, alla d’abord vers l’ouest pour arriver a Gardarike (la Russie).

Ayant ainsi démontré que Snorro place la patrie des Ases dans le Turkestân, nous allons voir que des écrivains chinois, grecs et latins parlent d’un peuple ou d’une race d’Ases dans les mémes régions. Un auteur chinois rapporte qu’au deuxiéme siècle avant Jésus-Christ il arriva à Lo-Jang, capitale de la Chine, un Chaman[1] du peuple des Ases qui habitaient les bords du fleuve Oxus, et qu’il traduisit les livres saints qu’il apporta, ce qui donna occasion à la conversion de beaucoup de monde au buddhisme[2]. Strabon[3] rapporte que, parmi les peuplades qui, venant d’au delà du Jaxartes, envahirent la Bactriane et l’arrachèrent au pouvoir des successeurs grecs d’Alexandre, une des plus distinguées, c’étaient les Άσισι. Trogus Pompeius fait mention du même événement en ces termes:

«Sarancæ et Asiani Bactra occupavere» et dans un autre endroit il nomme «reges Tocharorum Asiani[4], expression qui conduit M. Lassen à émettre l’opinion, que les Asii ou Asiani n’étaient pas un peuple, mais plutôt une race distinguée, de laquelle les rois des Tochares tiraient leur origine[5]. Cette hypothése acquiert de la vraisemblance si nous supposons que c’est le même nom qui se lit sur les monnaies avec la légende: ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΒΕΣΙΛΕΩΝ ΜΕΓΑΛΟΥ ΑΖΟΥ. Un grand nombre de ces monnaies a été découvert dans les tôpes, et une masse beaucoup plus considérable que d’aucune autre espèce a été trouvée autre part, particulièrement au nord et à l’est de Pechawer. Il est aussi à remarquer que les monnaies d’Azes présentent une bien plus grande variété de types que celles d’aucun autre des souverains dont les monnaies ont

  1. Chaman, ou mieux Çramana, «ascète qui dompte ses sens,» est un terme qui désigne un religieux buddhique.
  2. Zeitschr. f. d. K. d. Morgenl., III, p. 121-123.
  3. Strabo, 1. XI, 8, 2 (p. 511).
  4. Trog. Pomp., XLI, XLII.
  5. Indisch. Alterthumskunde, II, p. 360.