Page:Tremblay - Les ailes qui montent, hommage au nouvel an 1919, 1918.djvu/25

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Avant de voir pâlir à l’horizon plus pur,
L’aube d’un jour sans deuil qui plane sur le Monde ?

Pour que la Charité descende de l’azur
Et fasse tressaillir dans leur fibre profonde
La ville qui gémit et la glèbe qui meurt,
Combien d’exactions, de dols et de conquêtes
Arracheront du sol les dernières clameurs ?
Combien d’humanités rechercheront les bêtes,
Pour donner à leurs maux un faible apaisement,
Avant que les chemins ne voient plus de ruines ?
Les hommes ne croient pas, et leur tendresse ment.
Ainsi que l’épillet recèle une bruine
Qui dévore le grain des plus sûres moissons,
La guerre, dans le fruit des futures semailles
Qui viendront féconder l’ornière des caissons,
Cache sournoisement le fiel des représailles.

Ô Bernhardi, tu vois monter jusqu’à Berlin
Le courant formidable et rouge des vengeances !
C’est toi qui l’as voulu, l’infaillible déclin
Qui condamne ton peuple aux lâches allégeances.
Ton surhomme s’écroule où tu l’avais conduit.
Ton œuvre, soudoyé par la caste orgueilleuse,
A fait l’arme qui tue et la horde qui fuit,
Et tu n’as pas prévu la hâte périlleuse