Quéquienne Quénoche étant arrivé tout jeune dans la paroisse on ne lui avait pas changé son nom de famille. Je le lui change en lui octroyant un nom tombé en déshérence. Je vais le suivre dans toutes ses pérégrinations, cela me permettra de recueillir chemin faisant, un certain nombre de faits de nature à éclairer un tant soit peu les mœurs, usages, coutumes et ambiances des endroits où il a séjourné, et cela ne m’empêchera pas de crayonner, en passant, les silhouettes et profils d’individus qui n’étaient pas des types ordinaires. Je prends mon bien où je le trouve et le bien des autres lorsque ceux-ci ne veulent pas se donner la peine de le ramasser. Quant aux types dont : je viens de parler, comme dit Alfred de Musset :
« À l’un je prends le nez,
À l’autre, le menton, à l’autre… Devinez. »
Dès les premiers mois de son existence Quéquienne criait et braillait tellement fort qu’on sentait bien qu’il était destiné à faire du bruit dans le monde ; et sa manière de se fourrer les doigts dans le nez avait quelque chose de particulièrement distingué. Quand il disait gou… gou, il le disait sur un ton qui n’admettait pas de réplique. Il était facile de prévoir qu’il deviendrait un homme de caractère. Son caractère serait-il bon ou mauvais ? C’est ce qu’on ignorait alors et c’est ce que nous verrons plus tard.
À CONTRECŒUR
Remontons un peu le cours des âges afin de nous renseigner sur la généalogie de Quéquienne. Celui-ci était né vers 1847, l’année du typhus. Son père avait vu le jour en 1815 ; son grand-père paternel, en