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La Dette

gnicole n’aurait voulu coucher dans la région par crainte de voir les fantômes surgir des brisants, du sépulcre improvisé, et des ombres du gat.

Le Moyne et Marie s’établirent au Cap. Ils allaient voir Pierre aussi souvent que le leur permettaient les communications difficiles et les besoins de la pêche. Chaque visite augmentait l’espérance de l’orpheline. Chaque fois elle croyait deviner un réveil dans l’intelligence de son promis. Ce dernier regardait longuement sa fiancée, semblait faire effort pour reconstruire l’échafaudage écroulé de ses idées. L’obsession le quittait peu à peu. Il arrêtait son attention sur divers objets. Marie se dégageait sensiblement de la mer, des vagues, des écueils. de la chaloupe, de la bouée, puis de cet étranglement qui avait tout déséquilibré. Il pensa. Des noms revinrent à travers les méandres de sa mémoire morte : Le Moyne, Lerner,