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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/264

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256 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

pays. C’est un produit original, et non pas une forme d’emprunt, du génie humain, un produit des plus rares, et il y aurait pour le moins hérésie de la part d’un critique à vouloir en contester la valeur.

Les diverses autres œuvres en prose de Poe, comprenant son Etij’eka, ses lettres, ses conférences, ses essais et ses autres travaux critiques, sont aussi importantes pour l’étude de son art ou de son caractère que pour celle de la littérature américaine du second quart du xix siècle. Pourtant leur valeur intrinsèque est relativement minime. Eurêka paraît n’avoir aucun mérite scientifique ou philosophique ; c’est l’œuvre d’un esprit hardi et brillamment analyste. Sa conférence sur « le principe poétique » a reçu de sérieux éloges ; mais le mérite en est plus que balancé par l’étroitesse d’esprit et l’arrogance de l’auteur. Ses comptes rendus et appréciations critiques des ouvrages contemporains sont en général ou trop sévères ou trop élogieux. Cependant Poe eut une méthode d’analyse plus rigoureuse que tous les Américains qui accomplissaient leur besogne journalière dans les magazines ; il fut utile à ses concitoyens en critiquant les auteurs mauvais ou médiocres à qui l’on décernait des éloges aussi pompeux que grotesques. Toutefois, bien que Poe .lit été peut-être le critique le plus utile de son temps et bien qu’il ait possédé assez de puissance d’esprit pour être en même temps un métaphysicien ou un érudit remarquables, il ne faudrait pas imiter ses plus outrés admirateurs en découvrant dans ses productions matière à louanges émerveillées autant qu’hyperboliques. D’un autre côté, il serait peu décent de déduire de ses erreurs et de ses façons de traiter cavalièrement des sujets dont il ne connaissait probablement que peu de choses, qu’il fut un simple char-