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ADVERTIN. Vieux mot, qui veut dire, fantaisie, boutade. Impetus, lubido, arbitrium.

AdVERTIR, verb. act. Apprendre à quelqu’un une chose qu’il lui importe de savoir ; l’instruire de ce qu’il ignore ; lui en donner avis. Admonere. Cet espion avertit de tout ce que les Ennemis entreprennent. Il faut l’avertir sans cesse de penser à ses devoirs. Un ami qui nous avertit judicieusement de nos fautes, est un bien inestimable. S. Evr. Les grands admirateurs sont de si sottes gens, qu’ils ont souvent besoin qu’on les avertisse quand il faut rire. Id. La mort qui nous avertit tous les jours du peu de temps que nous avons à jouir des biens fragiles du monde, ne modère point nos empressemens. P. Gail.

On dit en général qu’un homme est bien averti ; pour dire, qu’il est bien informé de ce qui se passe.

Adverti, ie, part. Admonitus.

On appelle au Manége, un pas averti, ou un pas écouté, celui qui est réglé & soutenu ; un pas d’école.

On dit en proverbe, qu’un averti en vaut deux ; pour dire, qu’un homme instruit a un grand avantage, & qu’il est dangereux d’attaquer un homme qui est sur ses gardes. Avertir quelqu’un de son salut ; pour dire, lui apprendre une chose qui décide de toute sa fortune.

AdVERTISSEMENT, s. m. Instruction, conseil, remontrance. Admonitio. Ce Précepteur donne de bons avertissemens à ses écoliers. Avertissement au Lecteur, est la préface d’un Livre, qui sert d’instruction au Lecteur.

Advertissement, signifie aussi des pressentimens, des avant-coureurs ; des avis qu’on donne, ou qu’on reçoit, & qui sont utiles pour profiter de quelque chose, ou pour éviter quelque mal. La lassitude, ou la pesanteur des membres, est un avertissement de quelque maladie.

On dit proverbialement, C’est un avertissement au Lecteur ; pour faire entendre à propos de quelque accident, que l’on doit prendre garde à soi.

Advertissement, en termes de Palais, est une pièce d’écriture que font les Avocats en première instance pour l’instruction du procès, pour y déduire le fait, & tous les moyens de droit. Requête d’avertissement. Avertissement en droit que met & baille par-devant vous, &c. c’est le titre des écrits d’un procès.

AdVERTISSEUR, s. m. Est un Officier chez le Roi, qui avertit lorsque le Roi vient dîner. Admonitor, monitor. Il y a des Etats de la Maison du Roi qui en marquent deux qui servent par sémestre. Ces Officiers servent lorsque le Roi est à la campagne.

AdVEU, s. m. Reconnoissance, confession. Confessio. Il a été condamné par son propre aveu. De votre propre aveu cette proposition est fausse.

Adveu, signifie aussi, Approbation, ou consentement donné. Approbatio, comprobatio, auctoritas. Il n’a rien fait que par l’aveu du Roi, ou de l’aveu du Roi. Ce fils ne fait aucune action sans l’aveu de son père. Il a l’aveu de ses parens pour ce mariage.

Adveu, en termes de Palais, signifie reconnoissance, ou Acte qu’on est obligé de donner au Seigneur de fief 40. jours après qu’on a fait la foi & hommage, contenant un dénombrement en particulier de toutes les terres qu’on avoue tenir de lui. Clientelaris juris professio. On le joint ordinairement avec le mot denombrement. Il faut donner à la Chambre des Comptes un aveu & dénombrement de toutes les terres qu’on tient du Roi. Par la Coutume de Paris un aveu & dénombrement doit être blâmé dans les 40. jours après qu’il est donné, autrement il est reçu. En Normandie l’aveu peut être blâmé dans les 40. ans. Les aveus ne font preuve qu’entre ceux qui les donnent, ou qui les reçoivent.

On appelle communément un homme sans aveu, un vagabond, qui n’a ni feu, ni lieu, & qui n’a personne de qui il se réclame. Erro, vagabundus. Le dernier est meilleur en ce sens, l’autre se dit plutôt d’un esclave fugitif, & signifie moins que fugitif. Voyez. Placitor. feud. gloss. L. 4. §. Praetor. ff. de damno infecto, & Bartole in L. 1. C. Ubi de crim. agi opor. & in L. Quisquis C. De agric. cens. & colon. L. II. Spieg. Prat. Arrian. De re milit. L. Qui cum. Les Ordonnances veulent que les Prévôts se saisissent des Bohémiens, vagabonds, & gens sans aveu, & qu’ils les envoient aux Galères.

AdVIS, s. m. Avertissement, instruction qu’on donne à quelqu’un de quelque chose qu’il ignore, ou à quoi il ne prend pas garde. Admonitio, monitum. Il lui a donné de bons avis sur la correction de son Livre. Un homme d’étude qui ne prend avis que de ses Livres, en entrant dans le monde, fait bien des faux pas. S. Evr. Il faut aider la liberté de celui qui nous avertit, en recevant facilement ses avis. Id. Il faut bien de l’adresse pour donner un avis à un Prince ; on ne leur doit parler qu’avec des paroles de soie, & avec une certaine hardiesse toujours respectueuse, qui est difficile à attraper. Test. de Rich. C’est un métier bien délicat


& bien dangereux que celui de donneur d’avis, & tel n’en a donné qu’un en toute sa vie qui en a trop donné.

En ce sens on dit en termes de guerre, de négoce, de marine, Donner avis ; pour dire, Faire savoir des nouvelles de ce qui se passe. Nuntium. Ce Gouverneur a reçu avis qu’on venoit assiéger sa Place. Une barque d’avis, est une barque destinée pour porter les nouvelles & les ordres à une Flotte. Aller aux avis, c’est envoyer quelques troupes battre l’estrade, prendre des prisonniers pour découvrir les desseins de l’ennemi. Une lettre d’avis, c’est la lettre par laquelle un marchand ou un banquier mande à son correspondant, qu’il a tiré sur lui une telle lettre de change, qu’un tel associé est prêt à faire banqueroute. Cet homme a toujours de bons avis ; pour dire, de bonnes nouvelles.

Advis, Signifie aussi, Sentiment, opinion. Sententia, judicium. Tous les Théologiens sont d’un même avis sur cette question. Ce Président est allé aux avis, a pris les avis de sa Compagnie. Cet Docteur est toujours d’un avis singulier. Les avis sont partagés. Voilà mon avis. Ouvrir un avis rigoureux. La Rochef. Nous ne trouvons guère de gens de bon sens que ceux qui sont de notre avis. Id. Autant de têtes autant d’avis. Pel. On dit aussi, Il m’est avis ; pour dire, Il me semble : mais il n’est plus de bon usage. On appelle, Avis Doctrinal, le sentiment des Docteurs en Théologie consultés sur quelque point de doctrine.

Advis, en termes de Palais, se dit de certains arrêtés ou délibérations de ceux qui sont commis par des supérieurs pour examiner une affaire, ou des faits dont ils ne peuvent pas être éclaircis autrement ; sur lesquels arrêtés ils donnent un jugement conforme. On a fait assembler les parens de ce mineur, pour donner leur avis sur la vente de ses biens. C’est en ce même sens que Boileau a dit en parlant d’Alexandre :

Et qu’un sage Tuteur l’eût, dans cette demeure,
Par avis de parens, enfermé de bonne heure.

Les anciens Avocats, au bas des écritures qui contenoient leur avis, mettoient, si quid mihi est judicii. De Roch.

Advis, se prend presque en ce sens pour Réflexion, conseil, reproche, réprimande. Consilium. Je lui ai donné des avis sur sa conduite. Je vous remercie de tous vos bons avis. Il y a jour d’avis entre ci & là ; pour dire, il y a du temps pour faire réflexion, pour prendre conseil. Le compartiteur d’un procès, est celui qui ouvre un second avis.

Advis, en termes de Finances, signifie l’invention, & les moyens d’établir quelque imposition nouvelle, ou de faire la recherche des deniers divertis qui appartiennent au Roi. Les donneurs d’avis sont des gens fort odieux. Il a eu tant pour son droit d’avis. On le dit aussi de ces gens d’intrigue qui donnent avis des Offices ou Bénéfices vacans, qui négocient des affaires, ou des mariages.

On dit burlesquement & ironiquement, A votre avis, me conseillerez-vous de faire cela ?

AdVISER, v. act. Consulter, délibérer, penser, pourvoir à une chose. Consultare, deliberare, considerare, perpendere, providere. Nous aviserons à ce que nous aurons à faire. Vous avez du loisir pour aviser à ce que vous avez à dire pour votre défense. Vous vous en avisez un peu tard. On y avisera.

Adviser, C’est aussi prendre une résolution après quelque délibération. Statuere, decernere. Les Etats assemblés pour la réformation du Royaume, avisèrent qu’il falloit que, &c. Après avoir bien consulté, bien raisonné, on avisa que, &c. Il fut avisé que, &c.

Adviser, signifie aussi, Croire, juger. La Cour a renvoyé les parties pour se pourvoir comme elles aviseront bon être : pour dire, comme elles le jugeront à propos.

Adviser, signifie aussi, Avertir. Il vous trompera, je vous en avise. Admonere. C’est le premier qui m’en a avisé. Mais en ce sens il vieillit, & n’est en usage que dans quelques Provinces.

Adviser, quand on y ajoûte le pronom personnel, signifie se souvenir, faire réflexion, s’appercevoir. Occurrere, venire in mentem. Je ne m’en suis pas avisé. Personne presque ne s’avise de lui-même du mérite d’un autre. La Bruy.

Adviser, signifie encore, Voir de loin, ou découvrir avec quelque recherche ou application. Prospicere. Je vous ai avisé de cent pas. Il avisa son ennemi qui s’étoit caché dans la foule. Il est bas en ce sens, & de la lie du Peuple. Ainsi au lieu de dire, Il avisa un homme sur une tour, il faut dire, Il découvrit, il apperçut un homme sur une tour. Vaug.

Adviser, se dit figurément des découvertes qui se font par les yeux de l’esprit après quelque méditation. Adinvenire, excogitare. Il s’est avise d’une bonne invention. Ils se sont avises d’un mauvais expédient pour se tirer d’affaire. Il n’y a sottise, il n’y a malice dont il ne s’avise. S’aviser d’une ruse, d’un stratagème. Les hommes ne pouvant éviter la mort, se sont avisés de n’y point penser, afin de se rendre moins malheureux. Pasc. Fabius


K iij ayant