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AEGO AEO AEO AER


Ainsi le monstre qu’on voit par les médailles d’Auguste, & que nos Antiquaires appellent Capricorne, est la vraie figure d’un Ægipan ; & en effet Théon, sur Aratus, dit, que le Capricorne est la figure d’un Ægipan. Hyginus, & le Scholiaste de Germanicus disent la même chose. On voit aussi souvent des Ægipans dans les anciens monumens des Égyptiens.

ÆGOBOLE. s. m. Terme de Mythologie, Ægobolus. Surnom que les Potniens donnerent à Bacchus, parce qu’au lieu d’un jeune homme bien fait qu’ils immoloient à ce Dieu par le conseil d’Apollon, il leur déclara lui-même qu’il suffisoit dans la suite de lui sacrifier une chèvre, & qu’il n’en vouloit pas davantage. Ce mot vient de αἴξ, αἰγός, chèvre, & Βούλομαι, Je veux.

ÆGOCEROS. s. m. Capricornus. Capricorne. De αἴξ, αἰγός, chèvre, & ϰέρας, corne.

ÆEGILOPS, ou ANGILOPS, ou ANCHYLOPS. s. m. Ægilops. Terme de Médecine. C’est une tumeur ou enflure dans le grand angle de l’œil à la racine du nez, accompagné d’inflammation, ou sans inflammation. Harris. Ce mot est Grec, ἀιγιλὼψ. Cette tumeur naît entre le grand canthus & l’os du nez. Cette espèce d’abcès s’appelle Ægilops, c’est à-dire, Œil de chèvre, de ἂιξ, ἀιγος, chèvre, & de απτομαι, je vois ; parce que les chèvres sont fort sujètes à cette maladie. Si on néglige l’ægilops, il se crève, & dégénère en une fistule qui pénètre jusqu’à l’os. Æginéte appelle cette tumeur Anchilops avant qu’elle se change en ulcère ; & Ægilops quand l’ulcère est fait, & quand elle dégénère en fistule : les autres la nomment toujours Ægilops avant & après son changement. Quoique l’ægilops se change souvent en fistule, il n’est pas proprement une fistule, & il n’en est pas toujours suivi. Si l’ægilops est accompagné d’inflammation, il a pour cause l’abondance du sang, que la trop grande plénitude fait regorger sur le grand coin de l’œil : s’il est sans inflammation, il procède des humeurs corrompues qui se déchargent sur cette partie, & le plus souvent d’une humeur pituiteuse, crasse & visqueuse. Degori.

ÆGYPTIAC. adj. m. Terme de Pharmacie. Pharmacum Ægyptiacum. C’est une espèce d’onguent détersif décrit par Mésué, ainsi nommé, à cause qu’il est d’une couleur obscure comme les Egyptiens. Il est composé de vert-de-gris, de vinaigre & de miel, & sert à consumer les chairs pourries.

ÆO.

ÆOLE. s. m. Æolus. Nom propre d’homme. Il y a trois Æoles. L’un qui regna dans les îles qui ont porté son nom, & qui par la fumée de ces îles découvrit, dit-on, les vents qu’il devoit faire trois jours après. Voyez Pline, L. III. C. 9. & Solin, C. 12. Un autre qui regna en Etrurie ; & un troisième fils d’Hellen. Quelques-uns attribuent à ce dernier l’invention de la Carte des vents. Quoiqu’il en soit, c’est de cette invention que les Poëtes ont pris occasion de faire un Æole Roi des vents, ou du moins modérateur & distributeur des vents. Ovide le fait fils d’Hippotas ; d’autres lui ont donné Jupiter pour pere. Les uns disent que Ménécla, & d’autres, que Lygia fut sa mere. Il résidoit, selon la Fable, dans les îles Vulcaniennes, qui furent appelées de son nom Æoliennes. Le Géographe Denys a dit qu’il fut grand hospitalier. Au lieu de ce que nous avons rapporté de ses prédictions sur les vents, Isacius & Palæphatus disent qu’il étoit grand Astronome ; & Strabon, que par le flux & reflux, il prévoyoit les tempêtes & les vents qu’il devoit faire. Bochart, L. I. C. 33. croit que cette fable est venue de la Langue phénicienne, où עעול, Aol, signifie, tempête ; d’où s’est fait en Grec ἄελλα.

ÆOLIE, ou ÆOLIDE. Æolis, Æolia. Pays de l’Asie mineure, entre la Troade au septentrion, & l’Ionie au midi, & située sur la mer Ægée. Il s’appela d’abord Mysie ; mais les Æoliens étant venus l’habiter, ils lui donnèrent leur nom.

ÆOLIEN, enne. Æolius, & au plur. ÆOLIENS. Æoles. Peuples de Grèce ainsi appelés d’Æole fils d’Hellen. Ils quitterent la Grèce leur patrie, passerent dans l’Asie mineure, s’emparerent de la Mysie, & fonderent peu à peu une des trois grandes colonies des Grecs en Asie. Les jeunes gentilshommes servoient chez les Æoliens aux sacrifices publics.

Æolien, enne, est aussi adj. Le dialecte Æolien se rapporte au Dorien. Port-R. La musique Æolienne étoit douce, appaisoit les passions, & endormoit agréablement. T. Corn. Les îles Æoliennes étoient plusieurs îles dans la mer de Toscane, entre l’Italie & la Sicile, plus près toutefois de la Sicile.

Les îles Æoliennes sont sept petites îles, entre l’Italie & la Sicile, Lipara, Hiera, Strongyle, Didyme, Ericusa, Phœnicusa, & Eronymos. Voyez Æole.

ÆOLIPILE. Voyez Eolipile. De même Aequateur, Aequivoque, Aethérée. Voyez ces mots par E.

ÆOLIQUE. adj. m. & f. Æolicus. Qui appartient aux Æoliens. Le dialecte Æolique est un des cinq dialectes de la langue Grec-


que ; c’étoit la manière de parler propre des Æoliens. Dialectus Æolica. C’est du dialecte Æolique que la langue latine s’est formée. Je trouve cependant qu’on dit communément Æolien plutôt qu’Æolique, si ce n’est dans les Colléges.

ÆON. s. m. Ce mot qui est Grec, αἰών, siècle, signifie, la durée d’une chose, éternité ; mais les hérétiques des premiers siècles y ont attaché une autre idée. Abusant de la philosophie de Platon, ils donnoient de la réalité aux idées que ce Philosophe avoit admises en Dieu ; bien plus, ils les personnifioient, & feignoient que c’étoient des êtres distincts de Dieu, & qu’il avoit produits les uns mâles & les autres femelles ; c’est-là ce qu’ils appeloient Æons, de l’assemblage desquels ils composoient la Divinité toute entière, qu’ils appeloient πλήρωμα, nom Grec, qui signifie Complément, comme si c’eût été là le complément de la Divinité. Au reste, quoique tous les Æons fussent différens de Dieu en grandeur, ils étoient de la même nature, & de la substance même de Dieu. Simon le magicien est le premier inventeur des Æons ; Valentin les perfectionna, & en reconnut jusqu’à 30. S. Irénée, L. I. des Hérés. & L. II. C. 4. Tertullien, dans son Traité contre les Valentiniens, & S. Epiphane, dans l’Hérésie 31, sont parmi les Anciens, ceux qui ont le plus expliqué la doctrine des Æons. Théodoret & Philastrius en ont aussi parlé. Et parmi les Modernes, Baronius à l’an de Jesus-Christ 145 & 175. le P. Alexandre, M. de Tillemont & M. Fleury, Hist. Eccl. & M. Du Pin, Biblioth. des Auteurs Eccl. II. Part. Des 3. premiers siècles. Les Centuriateurs en ont aussi dit quelque chose. Cent. II. C. 5.

AER.

AËRER. v. act. Donner de l’air à un bâtiment. Coelum aperire ; liberiori coelo exponere, supponere. Il a fait percer sa galerie des deux côtés pour l’aérer davantage. Il est de peu d’usage, & en sa place, on dit mettre en bel air. Ce mot vient d’aër.

AËRÉ, ée. adj. Qui est bien exposé à l’air dans une plaine, ou sur une élévation. Liberiori cœlo expositus, suppositus. Une maison bien aérée est fort saine. Le Château neuf de S. Germain est bien aëré.

AËRIEN, enne. adj. Qui est fait d’air, ou qui se résout en air. Aërius, Aëreus. Dans la dissolution des corps, les parties aëriennes s’élevent en l’air. Les atômes aëriens montent les premiers dans un alembic. On dit que les bons ou mauvais Anges qui paroissent, prennent des corps aëriens. Les Esséniens, la secte la plus parfaite des Juifs, pensoient que les ames étoient d’une matière aërienne. Arn. Porphyre & Jamblique ont admis des démons, des esprits aëriens, auxquels ils ont donné divers noms. Les Peintres appellent une perspective aërienne, celle qui fait paroître les corps diminués à proportion de leur éloignement, ou distance de la ligne de terre, ou du plan géométrique.

Aériens. Nom de Sectaires, qui tirent leur origine d’un certain Aërius, lequel vivoit encore au temps de S. Epiphane, & qui avoit sur le mystère de la Trinité les mêmes sentimens que les Ariens. Il avoit outre cela plusieurs opinions particulières qui sont rapportées fort au long par ce S. Evêque, hœrs. 75. & entr’autres celle-ci : qu’il n’y avoit aucune différence entre les Evêques & les Prêtres ; que la prêtrise & l’épiscopat étoient absolument le même Ordre & la même dignité. L’Evêque, disoit-il, impose les mains, le Prêtre les impose aussi : l’Evêque est assis dans le trône, le Prêtre y est aussi assis : S. Epiphane se déclare en ce lieu-là fortement pour la supériorité des Evêques, & il répond en particulier à toutes les raisons d’Aërius, qui s’appuyoit principalement sur quelques passages de S. Paul, & entr’autres sur celui de l’Ep. I à Tim. C. 4. v. 14. où ce S. Apôtre lui recommande de ne point négliger le don qu’il a reçu, lorsque l’assemblée des Prêtres lui a imposé les mains. Il n’est parlé en cet endroit, disoit Aërius, que des Prêtres seulement, & nullement des Evêques. Mais il est aisé de voir que le mot de Prêtres dans S. Paul, signifie également les Evêques ; ensorte que Presbyterium, qui est dans le grec & dans le latin de la vulgate, se prend pour le sénat ou l’assemblée de ceux qui présidoient aux églises. S. Paul avoit ordonné Thimothée, étant accompagné des Prêtres ou Evêques, qui se trouvoient présens à l’ordination. Voy. le mot Anciens. Il faut prononcer dans le mot Aëriens le premier ë séparé de l’a, Aëriens en quatre syllabes, & non pas Æriens, ainsi qu’écrivent quelques auteurs, comme si ce n’étoient que trois syllabes. La raison qu’Aërius eut de se séparer de l’Eglise, fut le chagrin qu’il eut de ce qu’en 349 ou 355, selon un autre sentiment, Eustathe lui fut préféré pour l’Évêché de Sébaste en Arménie. Voyez S. Epiph. her. 75. S. Aug. hér. 53. Onuphrius Chron. A.C. 349. Sander. hér. 69. Tillemont, Histoire Ecclésiastique, T. IX.

AËRIER, ou AIRIER. v. act. C’est purifier l’air de quelque lieu, en y brûlant des senteurs pour en rendre l’air plus pur. Infectam auram purgare. Aërier une maison. Ce mot ne se dit


Tome I. I ij que