Page:Trevoux - Dictionnaire, 1721, T01, A.djvu/94

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
134
ADJ ADJ

Adiré, ée. part. Querelles des choses adirées. Cout, Ancien, de Normand.

De la cuillé qu’il a trouvée
Qu’ils ont au manger adirée. Roman de Rou.

Adiré, ée. Perdu, égaré. Amissus. Ce même participe signifie encore, rayé, effacé. Son nom est addiré de l’Etat des Officiers.

ADIRES. Les petits animaux que l’on appelle en Espagne, Adires, sont une espèce de chiens de Barbarie. Ces animaux sont fins & rusés naturellement, ensorte qu’il seroit bien difficile de les attraper, s’ils n’étoient voraces & goulus, ou pour mieux dire, si étant poussés par la faim, ils n’entroient dans les maisons qu’ils trouvent ouvertes:quand ils y rencontrent quelque chose à manger, ils font des cris pour appeler les autres, & ne songeant point à se cacher avec la même ruse dont ils savent si bien se servir dans toutes les autres occasions, se trahissent eux-mêmes, & se font prendre. Les adires (de Perse) sont plus grands que ceux de la même espèce que nous avons vus à Goa, car ils sont aussi forts qu’un grand chien couchant. Mais ceux du pays (c’étoit à Schiras) nous assuroient que ceux qui se retirent dans les jardins & dans les buissons plus éloignes de la ville, sont beaucoup plus grands. Les chiens n’osoient attaquer ces adires ; & ces adires ne manquoient jamais d’éviter la rencontre d’un gros dogue qu’on lâchoit contre-eux. Ils sont la plûpart de même couleur que ceux de Goa, & il y en a qui sont à demi-blancs, la couleur se rapportant à celle des chiens, avec lesquels, ils se mêlent, dit-on, naturellement ; ce que néan- moins j’ai de la peine à me persuader, parce que c’est une toute une autre espèce, quoiqu’il y ait quelque rapport pour la couleur & pour la taille. Vicqfort. Ambass. de Figueroa en Perse.

ADITION. s. f. Terme de Jurisprudence, qui se joint toujours avec le mot d’hérédité. Adition d’hérédité. C’est l’acceptation d’une hérédité, ou la déclaration que fait l’héritier, qu’il veut jouir du droit que la nature & la loi lui donnent. Acceptio. L’adition d’hérédité oblige solidairement à toutes les dettes de la succession. Dans le Droit civil on ne se servoit du terme aditio, que quand un étranger étoit appelé à succéder par le testament. A l’égard des héritiers par la loi du sang, & ab intestat, on disoit immixtio.

ADJUDICATAIRE. s. m. & f. (La plûpart ne prononcent plus le D.) Le plus offrant & dernier enchérisseur à qui on a adjugé le bail, ou la propriété d’un héritage qu’on afferme, ou qu’on vend en Justice. Manceps. L’adjudicataire d’un héritage est tenu de consigner le prix de son adjudication dans huit jours ; autrement il y peut être contraint par corps. L’adjudicataire d’une ferme est tenu des frais du bail.

On le dit aussi de ceux à qui on adjuge en Justice des ouvrages, ou des réparations au rabais.

Adjudicataire, se dit absolument des Fermiers des droits du Roi. L’adjudicataire général des Gabelles, des Aides, est un Commis sous le nom duquel on fait toutes les poursuites & contraintes pour le recouvrement des deniers des Gabelles & des Aides.

ADJUDICATIF, ive. adj. Qui adjuge ou qui a adjugé. Qui adjudicat. Il a un arrêt adjudicatif de sa demande. La sentence du premier Juge étoit adjudicative des dépens.

ADJUDICATION. subs. fém. Acte par lequel on adjuge au dernier enchérisseur une chose qui se vend en Justice, soit un meuble dans un encan, soit un bail d’une ferme, soit la propriété d’un héritage qu’on décrète, soit un ouvrage ou une entreprise au rabais. Adjudicatio. L’effet d’une adjudication par décret est de purger les dettes, & les hypothèques du vendeur. Poursuivre une adjudication. On appelle adjudication la sentence même par laquelle on a adjugé l’héritage décrété.

ADIVÉ. s. f. Animal qui naît en Afrique. Il est un peu plus grand qu’un renard, & du même poil. Il en a toutes les finesses & toutes les ruses. Il hurle comme un chien.

ADJUGER. v. act. (On ne prononce plus le D.) Déclarer en jugement qu’une chose contestée appartient à l’une des parties. Adjudicare. On lui a adjugé des dépens, dommages & intérêts. Cette succession lui a été adjugée comme au plus prochain héritier. On lui a adjugé le prix de l’éloquence, & la préséance parmi les Orateurs.

Adjuger, signifie aussi, Vendre & délivrer en Justice au plus offrant & dernier enchérisseur un meuble à l’encan, un bail, un héritage par décret, & un ouvrage ou des réparations au rabais.

Adjugé, ée, part. pass. & adj. Adjudicatus.

ADJURATION. s. f. Obsecratio, obtestatio, imperium. Terme ecclésiastique. Injonction, commandement qu’on fait au Démon, de la part de Dieu, de sortir du corps d’un possédé, ou de déclarer quelque chose.

ADJURER. v. act. Faire des adjurations, des exorcismes. Ad-.


jurare, obtestari, imperare. Je t’adjure par le Dieu vivant, &c. c’est à-dire, je t’exhorte, je te conjure, je te commande. Ce mot vient du Latin adjurare. Quoiqu’il ne signifie pas la même chose, on ne laisse pas néanmoins de s’en servir dans les exorcismes.

ADJUTEUR. s. m. nom propre, Voyez AJOUTRE.

ADM.

ADMETTRE. v. act. Recevoir, donner entrée, rendre participant de quelque avantage. Admittere. Admettre quelqu’un aux charges. Admettre un Ambassadeur à l’audience. Ce Prêtre a été jugé capable, il a été admis aux Ordres sacrés. Un honnête homme est admis & bien reçu dans toutes les bonnes compagnies. Il a été admis à la défense & à faire preuve de ses faits justificatifs. Je ne puis pas admettre cette proposition, en demeurer d’accord. Je ne puis admettre vos excuses, c’est-à-dire, les approuver, les recevoir pour bonnes & valables.

Admettre. Terme de Finances. C’est recevoir une partie, ou un chapitre, ou article, en recette dans un compte, en vertu des pièces justificatives qui sont rapportées. Ce Commis en rendant ses comptes n’a jamais pu faire admettre trois ou quatre articles aux Fermiers Généraux ; mais ils lui ont passé tous les autres. On dit aussi passer dans le même sens.

ADMIS, ise. part. pass. & adj. Admissus.

ADMINICULE. s. m. Terme de Jurisprudence. Commencement de preuve, ou preuve imparfaite ; circonstance ou conjecture, qui contribue à former, à fortifier une preuve. Adminiculum. Il y a tant de présomptions et d’adminicules contre cet accusé, qu’on pourroit lui donner la question. Un puissant adminicule. En termes de Médaillistes, on appelle adminicules les ornemens avec lesquels Junon est représentée sur les médailles.

ADMINISTRATEUR, Administratrice, s. m. & f. Celui qui régit les biens de quelqu’un, qui est chargé du soin de les administrer. Administrator, Curator, procuratrix. Un pere est le légitime tuteur & Administrateur de ses enfans. On l’applique à ceux qui prennent soin du salut & de la conscience de ceux qui leur sont commis. Dieu a établi les Anges pour des esprits Administrateurs. Boss. On l’étend encore à ceux qui distribuent la Justice, & qui exercent la puissance publique.

Administrateur, se dit aussi de celui qui est un des Directeurs d’un Hôpital, ou de quelque maison religieuse ; qui a soin d’en recevoir les revenus, de les distribuer, & d’en ordonner. Il y a plusieurs Administrateurs de l’Hôtel-Dieu, de l’Hôpital général. Ces Administrateurs sont les tuteurs des pauvres. Les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu de Paris assistent aux Assemblées générales de police. De la Marre. Les Administrateurs des revenus publics doivent être vigilans, & désintéressés. Les Administrateurs des Léproseries jouissoient autrefois de leur revenu.

ADMINISTRATION. s. f. Conduite, gouvernement des Affaires, exercice de la Justice distributive. Administratio. Les Rois fainéans se reposoient de l’Administration de leur État sur leurs Ministres. Les guerres civiles pendant les minorités ont d’ordinaire pour prétexte la mauvaise administration des affaires, ou les abus qui se commettent dans l’Administration de la Justice.

Administration, se dit aussi de la régie, du maniement, & de la direction des biens d’un mineur, d’un furieux, d’un interdit. Il faut qu’un tuteur rende compte de l’Administration qu’il a eue des biens de son pupille. On le dit aussi de la régie des Hôpitaux, tant pour le temporel, que pour le spirituel. L’administration de cet Hôpital est en bonne main.

Administration, se dit encore des fonctions ecclésiastiques. C’est un tel Prêtre qui est chargé de l’Administration des Sacremens dans une telle Paroisse. On interdit l’administration des sacremens à un Prêtre irrégulier ; c’est-à-dire, on lui défend de les conférer. En matière bénéficiale on distingue deux sortes d’administration : l’une au temporel, & l’autre au spirituel. L’administration au temporel consiste dans le droit d’administrer la Justice, de recevoir les redevances, de donner à ferme, &c. L’Administration au spirituel consiste dans le pouvoir d’excommunier, de corriger, de conférer les Sacremens, &c. Ainsi quand un évêché est vacant par résignation, l’administration du temporel appartient au Roi par le droit de Régale ; mais il n’a point l’administration du spirituel, & le résignant conserve le pouvoir de conférer les Bénéfices jusqu’à ce que le résignataire ait reçu ses provisions. Bouch.

Administration, se dit aussi au Palais, des titres, preuves, ou témoins qu’on fournit a quelqu’un en Justice. Suppeditatio. Un dénonciateur doit faire l’administration des témoins au Procureur Général.

ADMINISTRER. v. act. Gouverner les affaires ; manier les


Tome I. I ij biens