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lée, sans se livrer aveuglément à toutes leurs opinions. Je m'étonne que personne n'ait dit que Abaddir venoit de abad perdre, & dour habitation, demeure. Car cette pierre fut cause qu'il perdit le Ciel, son séjour & sa demeure.

Priscien rapporte qu’Abaddir étoit aussi le nom d’un Dieu. Isidore dans ses gloses, & Papias témoignent la même chose : Et S. Augustin, écrivant à Maxime de Madaure, dit que les Carthaginois avoient des Dieux nommés Abadirs. Il semble que ce nom n’étoit pas un nom propre, mais un nom appellatif qu’on donnoit aux Dieux plus grands & plus considérables ; car Ab-addir sont deux noms purement Hébreux & Phéniciens, signifiant Pere magnifique. C’est ainsi que les Grecs ont distingué les Dieux & les Démons, δαίμονες ; & les Romains, Dii majorum gentium, & Dii minorum gentium.

ABAEUZ. s. m. & adj. Terme de Coutume. Biens Abaeuz. Bona vacantia. Il en est parlé dans l’ancienne coutume du Poitou. Ce sont, dit Ragueau, des biens vacans, ou les biens de ceux qui vont de vie à trépassement, & ne délaissent aucuns parens ou lignagers qui leur doivent ou veuillent succéder ; auquel cas lesdits biens appartiennent au Bas-Justicier, en la Seigneurie duquel lesdits biens étoient au temps de son décès, si le défunt n’avoit testamenté, ou autrement ordonné de ses biens.

ABAJOUR, s. m. Terme d'Architecture, Spiraculum, espèce de fenêtre en forme de grand soupirail, dont l'embrasement de l'appui est en talus, pour recevoir le jour d'en haut. Il sert à éclairer les offices & les étages souterrains. Les Marchands ont d'ordinaire un abajour dans leurs magazins ; la lumière sombre qui entre par là efface moins le lustre de leurs étoffes. On appelle aussi abajour la fermeture en glacis d'un vitrail d'Eglise ou de dôme, qui se fait pour en raccorder ou réunir la décoration intérieure & extérieure.

Ce mot est composé du verbe abattre & du nom jour, & signifie une chose qui abat, c'est-à-dire, qui diminue, qui affoiblit le jour, ou la lumière, ou qui le fait descendre du haut en bas. On fait aussi des abajours en appliquant aux fenêtres ordinaires des planches de bois, qui joignant la fenêtre & la fermant par en bas & s'en éloignant par en haut, font que le jour n'entre que de ce côté là.

Abajour. s. m. Terme de Botanique. Spiraculum. Les Botanistes se servent de ce terme d'Architecture, pour exprimer certaines ouvertures qui sont placées sous le chapiteau du fruit de quelques espèces de pavots. Tournef. Elem. Bot.

ABAISER, v. a. Vieux mot qui signifie Appaiser. Sedare, componere.

 Mais ne pot souffrir tel desroi,
Pallas qui la noise abaisa.

ABAISSE. s. m. terme de Pâtissier. C’est la pâte qui fait le dessous d’une pièce de pâtisserie.

ABAISSEMENT. s. m. Diminution, retranchement de hauteur. Depressio. L’abaissement de ce mur, qui ôtoit la vûe à cette maison, l’a bien égayée.

Abaissement, se dit figurément en choses morales, pour humiliation, diminution de crédit & de grandeur ; diminution de mérite, ou de réputation ; état d’avilissement & de misère. Demissio, submissio. L’abaissement devant Dieu est le plus nécessaire des devoirs du Chrétien. Cette pieuse princesse travailloit à humilier sa grandeur par des abaissemens volontaires. Flech. On approuve tout ce que disent les Grands par un abaissement extérieur de l’esprit, qui plie sous le faix de leur grandeur. Port-R. Les ambitieux veulent exciter des mouvemens de terreur, de respect & d’abaissement sous leur grandeur. Port-R. Il déchiroit la réputation de ces grands hommes, comme si leur abaissement contribuoit à sa gloire. Ablanc. Jesus-Christ a paru sur la terre dans un profond abaissement. Ce triste abaissement convient à ma fortune. Racine.

ABAISSER. verb. actif. Faire descendre en bas. ou diminuer de la hauteur. Deprimere. Abaissezr les voiles, Abaisser les fumées du vin. Abaisser ce mur. Abaisser ce luth d'un ton, d'un demi-ton. Abaisser la voix. Nicod.

Abaisser, signifie aussi, Diminuer le prix. Minuere. Le bon ordre de la police a fait abaisser le prix du blé ; c’est-à-di-


re, qu’il est diminué. Ce mot en ce sens n’est pas du bel usage ; il faut dire rabaisser. Voyez Rabaisser.

On s’en sert figurément dans le même sens. L’envie abaisse par ses discours les vertus qu’elle ne peut imiter. S. Evr. Abaisser la majesté du Prince. L’usage, comme la fortune, chacun dans leur jurisdiction, éleve ou abaisse qui bon lui semble. Vaug. Les grands noms abaissent, au lieu d’élever ceux qui ne savent pas les soutenir. Rochef.

Abaisser, signifie aussi en morale, Ravaler l’orgueil de quelqu’un, le mortifier. Abjicere, reprimere, contundere. Les Romains se vantoient d’abaisser les superbes, & de pardonner aux humbles. S. Evr. C’est ce que Virgile fait dire par Anchise dans le 6e Livre de l’Enéide.

 
Tu regere imperio populos, Romane, memento…
Parcere subjectis, & debellare superbos.

Abaisser l’orgueil de Carthage. Vaug. Il faut abaisser les esprits hautains. S. Evr. La crainte trouble & abaisse l’esprit. M. Scud. c’est-à-dire, qu’elle le relache & l’avilit.

En termes de fauconnerie on dit, Abaisser l'oiseau, lors qu'ayant trop d'embonpoint, on lui ôte quelque chose de son pât ordinaire, pour le mettre en état de bien voler.

Abaisser, en termes de Jardinage, signifie couper une branche près du tronc.

Abaisser, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie alors s'humilier, se soumettre, se ravaler. Abjicere se. Il faut s' abaisser devant la Majesté divine. S' abaisser à des choses indignes. S’abaisser jusqu'aux plus lâches complaisances. L'humilité n'est souvent qu'un artifice de l'orgueil, qui ne s’abaisse que pour s'élever. Rochef. On le dit encore par respect d'une personne éminente en dignité, lorsqu'elle semble rabattre de sa grandeur, en descendant jusqu'à des personnes fort inférieures. Le Prince s'est abaissé jusqu'à moi, en prenant soin de ma fortune. P. de Cl. Les Grands ne s'élèvent jamais plus haut que lorsqu'ils s'abaissent, dit Costar, en écrivant à Madame Servien. Il avoit tiré ce passage du Panégyrique de Pline : Scilicet qui verè maximi sunt, hoc uno modo possunt crescere, si seipsi submittant, securi magnitudinis suae. De Roch. Il signifie aussi la complaisance, ou l'adresse par laquelle on se conforme, & on se proportionne à la compréhension foible & bornée de ceux à qui on parle. Un Prédicateur habile sait s’abaisser à la portée de ses auditeurs. C'est quelquefois un artifice de l'orgueil de s’abaisser avec excès, pour s'attirer des louanges. M. Scud. Pline dit en parlant de la bonté de Trajan, qu'il se familiarisoit avec ceux qui l'approchoient : Celui qui tient la première place n'a qu'une voie pour s'élever, c'est de s’abaisser lui-même ; parce que les Grands n'ont rien moins à craindre que de se ravaler en s’abaissant de la sorte. Bouh.

Abaisser, avec le pronom personnel, veut dire quelquefois s’affaisser Subsidere. La terre s'est affaissée : ou décroître. La riviére s’abaisse ; le vent s'est abaissé.

Abaissé, ée, participe passif. & adjectif. Depressus.

Abaissé, en termes de Blason, se dit du vol des aigles, & du vol en général des oiseaux, dont la représentation ordinaire est d'être ouvert & étendu, en sorte que le bout de leurs ailes tende vers les angles ou le chef de l'Ecu : mais lorsque ce bout est en bas, & vers la pointe de l'Ecu, ou que les ailes sont pliées, on l'appelle Vol abaissé.

On dit aussi, un chevron, un pal abaissé, une bande abaissée, quand la pointe finit au cœur de l'Ecu, ou au dessous, & ne monte pas plus haut. On dit aussi qu'une pièce est abaissée, lors qu'elle est au-dessous de sa situation ordinaire, comme le chef, la fasce, &c. Et ainsi les Commandeurs de Malte qui ont des chefs dans leurs Armoiries, sont obligés de les abaisser sous celui de la Religion.

ABAISSEUR. adj. m. est un épithète que les Médecins donnent au second muscle des yeux, qui les fait mouvoir en bas, & fait regarder la terre. On l’appelle aussi l’Humble, humilis. Dionis.

ABALOURDIR. v. a. Vieux mot, & hors d’usage, qui signifioit autrefois, Abrutir, rendre stupide. Hebetem reddere. Il se trouve dans plusieurs Coutumes.

ABANA, s. f. Abana. 4° Reg. v. 12. Riviere de Syrie, qui prend sa source dans le Liban, arrose les murs de Damas du côté du Midi & de l'occident, & va se jetter dans la mer de Syrie. A l'endroit de l'Ecriture que j'ai cité, elle est appellée Rivière de Damas, aussi-bien que le Pharphar. Au


A iij reste.