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la dispute des Grecs & des Latins sur les pains azymes. Patet autem ex contextu, scriptum hunc librum (Maronii) post Graecorum schisma & post lites de azymo excitatas.

Abraham Echellensis prétend encore prouver invinciblement l'antiquité des pains azymes chez les Maronites par les constitutions de cette Eglise, qui ont été traduites il y a déja long-temps de Syriaque en Arabe. On lit au chap. 10. de ces constitutions, que Jesus-Christ, lorsqu'il institua l'Eucharistie, prit du pain azyme qui étoit sur la table. Mais il est aisé de juger, que ce mot d'azyme a été ajoûté après coup, & que les Maronites ont eu plus d'égard en cela, à ce qui se pratiquoit chez eux, qu'à l'institution de Jesus-Christ. Il faut cependant avouer que l'usage des azymes n'est pas nouveau, tant chez les Maronites, que chez les Arméniens, mais il n'est pas si ancien que ces peuples le prétendent. Comme les uns & les autres ont fait diverses unions avec l'Eglise Romaine, & en différens temps, il se peut faire qu'ils aient emprunté


des Latins cet usage. L'Auteur de l' Histoire critique de la créance des Nations du Levant, a fait une remarque au ch. 14. de son livre, laquelle mérite d'être rapportée au long, parce qu'elle éclaircit plusieurs faits qui regardent les coutumes & cérémonies des Chrétiens du Levant, & principalement des Maronites. Je passe sous silence, dit cet Auteur, quelques actes qui ne se trouvent que dans les livres Arabes, & qui ont été composés après la réunion des Maronites avec l'Eglise Romaine. Pour peu qu'on sache l'Histoire Ecclésiastique, il sera aisé de juger que ces Histoires n'ont aucun fondement dans l'antiquité, & que les Maronites & les autres Peuples du Levant qui ne sont point savans dans la critique de l'Histoire Ecclésiastique, ont rapporté à des temps anciens ce qui n'est en usage parmi eux que depuis quelques siècles seulement. C'est aussi sur ce principe qu'on ne croira pas facilement à l'autorité de Jean Maron, dont le Commentaire sur la Liturgie Syriaque de Saint Jacques, n'a pas toute l'antiquité qu'on lui attribue ; car il contient des faits qui sont postérieurs de plusieurs siècles.