Page:Trevoux - Dictionnaire , 1704, T01, A-Cenobitique.djvu/37

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che, être bien à cheval. 2°, La posture & le geste : à genoux, à bras ouverts. 3. La distance : à vingt lieues de là. 4. La qualité : de l’or à tant de carats. 5. Le prix : à dix écus. 6. La quantité : l’eau est à la hauteur d’une toise. 7. La manière : il est habillé à l’Espagnole. Il faut dire à coups de trait, à coups de canon ; & non pas à coups de traits, & à coups de canons. Menage. 8. La fin : les fraudes à bonnes intentions ne manquent point d’approbateurs parmi les dévots. Port-R. 9°, Il se met après les noms qui signifient nécessité, utilité, difficulté, possibilité. Dans le Traité de l’Examen, votre but à été de prouver que l’examen de la Religion, tel que vos freres le veulent prendre sur eux, & tel qu’il seroit nécessaire par leurs principes, est impossible aux uns, difficile aux autres, inutile à tous, s’ils n’établissent une infaillibilité avec laquelle il ne sera plus besoin d’examen. Peliss.

A signifie, successivement : Pas à pas. Il se sent mourir peu à peu. Il signifie, avec : Je l’abandonne à regret. Les douleurs à grand bruit sont d’ordinaire suspectes d’affectation. M. Scud. Ce poste a été emporté à la pointe de l’épée. Peindre à l’huile.

A est plus élégant que par dans certaines phrases. Il ne faut point se laisser prendre a l’apparence, ni à l’éclat trompeur des grandeurs humaines. Flech. Ne vous laissez pas conduire à vos passions. A signifie, selon : A mon avis.

A, cette lettre s’emploie aussi fort souvent pour marquer ce que l’on possède. C’est un homme à carrosse, à équipage.

A, préposition, se met aussi devant l’infinitif des verbes ; en quoi la Langue Françoise diffère de la Latine, & ressemble à la Grecque, & aux Langues Orientales, ainsi que nous le montrerons au mot préposition.

A se met quelquefois absolument devant l’infinitif de quelques verbes, sans être précédé d’aucun nom qui soit ou exprimé, ou sousentendu, & alors il se peut résoudre par le gérondif. A voir ses airs dédaigneux ; A dire le vrai, cependant, l’opinion de Calvin ainsi adoucie, ne renferme pas moins une contradiction formelle. Peliss. A tout prendre l’assemblage de ses traits, qui sont beaux en détail, ne fait point une belle personne. Fonten. C’est comme si l’on disoit, en prenant tous ses traits ensemble. Passer tranquillement la nuit à bien dormir, & le jour à rien faire. Boil. Il y a aussi des occasions où il se peut résoudre par quand, ou lorsque. A ne prévoir rien on est surpris, & à prévoir trop on est misérable. S. Evr. A raconter ses maux souvent on les soulage. Corn. Il se met aussi devant l’infinitif de quelques verbes sans être précédé d’aucun nom exprimé ; il y est seulement sous-entendu : & en ce cas il se peut résoudre par le terme de quoi. Donnez-moi à manger. Servez-nous à dîner. A se met encore devant l’infinitif au lieu de pour. Je suis homme à ne contraindre personne. Mol. Il est d’humeur à se moquer de tout. A bien prendre la chose. A ne point mentir. Il a aussi la même signification de pour devant quelques substantifs, comme, Prendre Dieu à témoin, Prendre quelqu’un à partie.

A se met encore devant l’Infinitif des Verbes, avec un nom substantif, & signifie quelquefois ce que l’on doit observer. C’est une chose a taire : & quelquefois il désigne à quoi une chose est propre, ou à quoi elle est destinée : Bois à brûler : Cela est bon à manger.

A se met devant les noms, comme préposition, & signifie vers, ou du côté de. Je me tournai à trois ou quatre Chevaux-Legers. Bussy.

A est quelquefois préposition, mais rarement. Il est à la ville, aux champs. Cela est à la mode.

On dit aller à Rome, quand on fait le voyage de Rome. Mais quand on est à Rome, il faut dire aller dans Rome. Les Ambassadeurs vont dans Rome avec un grand équipage. Bouh. Quand il s’agit d’une simple demeure ou fixe, ou passagere, on dit à Paris : mais s’il s’agit d’autre chose, il vaut mieux dire dans Paris. Il s’est fait un meurtre dans Londres. On dit, aller à la Chine, aller au Japon, au Péloponèse, au Pérou, au Brésil, au Mexique, à la Caroline, & ainsi de la plupart des contrées de l’Amérique, contre la règle commune, qui veut qu’aux verbes de mouvement on mette en devant les noms de Province, ou de Royaume, qui sont le terme de mouvement, & à devant les noms de villes ou de petit lieu. Bouh.

A est le plus souvent adverbe, non seulement de temps & de lieu, comme, il vint à une heure imprévûe aborder à terre ; mais encore il se joint à presque toutes les phrases adverbiales. Malheur à nous si nous consacrons ces victimes purifiées à la hâte, & sur le point de recevoir le coup mortel. Flech. Être à couvert, Vivre à discrétion, &c. Car si on y prend garde de près, la plupart des exemples qu’on donne de son usage pour marquer la préposition, se réduisent à l’article du datif.

A est souvent une particule indéclinable, qui sert à la composition de plusieurs mots, & qui augmente, diminue, ou change leur signification. Quand elle s’y joint, quelques Ecrivains redoublent la consonne ; comme Addonner, Affaire, Attrouper : d’autres retranchent cette seconde consonne comme étant inutile & superfluë.


Il seroit difficile de déterminer tous les différens usages de la préposition ou de la particule à. On les remarquera dans la suite : il s’en présentera des exemples presqu’à toutes les pages.

A A A Les Chymistes se servent de ce signe pour signifier, Amalgamer, Amalgamation, & Amalgame. Voy. Amalgamer.

AB

AB, Cinquième mois des Hébreux, qui répond à notre mois de Juillet.

AB, en Langue Syriaque, le dernier mois de l’Eté.

ABA, ou Anba, Pere, titre que les Églises Syriaques, Cophtes & Éthiopiennes donnent à leurs Évêques.

ABACO, subst. masc. Abacus. Ce mot se trouve dans Roüillard pour signifier l’Arithmétique. Les Italiens disent aussi abaco pour exprimer la même chose. C’étoit une petite table polie, sur laquelle les Anciens traçoient des figures, ou des nombres. Elle servoit à apprendre les principes de l’Arithmétique. Ils l’appelloient Table de Pythagore.

ABADA, s. m. Animal farouche du païs de Benguela, dans la basse Ethiopie. Il ressemble à un cheval par la tête & par le crin. Il est un peu moins grand. Sa queue est pareille à celle d’un bœuf, excepté qu’elle est moins longue. Ses pieds sont fendus comme ceux du cerf, & plus gros. Il a deux cornes, l’une sur le front, & l’autre sur la nuque. Les Nègres tuent ces animaux à coups de flèche, pour en prendre la corne, dont ils font un remede.

ABADIR. Terme de Mythologie. C’est le nom d’une pierre que Saturne dévora. Car soit parce que son frere Titanus ne lui avoit cédé l’empire du monde, qu’à condition qu’il n’éleveroit point d’enfant mâle ; soit parce que les destinées portoient qu’il seroit un jour détrôné par un de ses enfans, il les faisoit tous périr. Enfin Cybele, ou Ops sa femme le trompa, & lui fit avaler cette pierre, au lieu de l’enfant dont elle étoit accouchée. Priscien rapporte que c’étoit aussi le nom d’un Dieu.

ABAJOUR, s. m. Terme d’Architecture, Spiraculum, espèce de fenêtre en forme de grand soupirail, dont l’embrasement de l’appui est en talus, pour recevoir le jour d’en haut. Il sert à éclairer les offices & les étages souterrains. Les Marchands ont d’ordinaire un abajour dans leurs magazins ; la lumière sombre qui entre par là efface moins le lustre de leurs étoffes. On appelle aussi abajour la fermeture en glacis d’un vitrail d’Eglise ou de dôme, qui se fait pour en raccorder ou réunir la décoration intérieure & extérieure.

ABAISSE, s. m. terme de Pâtissier. C’est la pâte qui fait le dessous d’une pièce de pâtisserie.

ABAISSEMENT. s. m. Diminution, retranchement de hauteur. Depressio. L’abaissement de ce mur, qui ôtoit la vûe à cette maison, l’a bien égayée.

Abaissement, se dit figurément en choses morales, pour humiliation, diminution de crédit & de grandeur ; diminution de mérite, ou de réputation ; état d’avilissement & de misère. Demissio, submissio. L’abaissement devant Dieu est le plus nécessaire des devoirs du Chrétien. Cette pieuse princesse travailloit à humilier sa grandeur par des abaissemens volontaires. Flech. On approuve tout ce que disent les Grands par un abaissement extérieur de l’esprit, qui plie sous le faix de leur grandeur. Port-R. Les ambitieux veulent exciter des mouvemens de terreur, de respect & d’abaissement sous leur grandeur. Port-R. Le mariage des cadets apporte d’ordinaire de l’abaissement dans les grandes Maisons. P. de Cl.. L’abaissement de courage est mal-seant à un Philosopbe. On s’en sert quelquefois pour exprimer une : diminution ou de merite, ou de réputation. Il déchiroit la réputation de ces grands hommes, comme si leur abaissement contribuoit à sa gloire. Ablanc. Jesus —Christ a paru sur la terre dans un profond abaissement. Ce triste abaissement convient à ma fortune. Racin. Les loix ont voulu que les enfans naturels, qui ont été jettez dans le monde clandestinement, vivent dans la honte, & dans l’abaissement.

ABAISSER. verb. actif. Faire descendre en bas. ou diminuer de la hauteur. Deprimere. Abaissezr les voiles, Abaisser les fumées du vin. Abaisser ce mur. Abaisser ce luth d’un ton, d’un demi-ton. Abaisser la voix. Nicod.


Abaisser, signifie aussi, Diminuer le prix. Minuere. Le bon ordre de la police a fait abaisser le prix du blé ; c’est-à-dire, qu’il est diminué. Ce mot en ce sens n’est pas du bel usage ; il faut dire rabaisser. Voyez Rabaisser.

On s’en sert figurément dans le même sens. L’envie abaisse par ses discours les vertus qu’elle ne peut imiter. S. Evr. Abaisser la majesté du Prince. L’usage, comme la fortune, chacun dans leur jurisdiction, éleve ou abaisse qui bon lui semble. Vaug. Les grands noms abaissent, au lieu d’élever ceux qui ne savent pas les soutenir. Rochef.

Abaisser, signifie aussi en morale, Ravaler l’orgueil de quelqu’un, le mortifier. Abjicere, reprimere, contundere. Les Romains se vantoient d’abaisser les superbes, & de pardonner aux humbles. S. Evr. Abaisser l’orgueil de Carthage. Vaug. Il faut abaisser les esprits hautains. S. Evr. La crainte trouble & abaisse l’esprit. M. Scud. c’est-à-dire, qu’elle le relache & l’avilit.

En termes de fauconnerie on dit, Abaisser l’oiseau, lors qu’ayant trop d’embonpoint, on lui ôte quelque chose de son pât ordinaire, pour le mettre en état de bien voler.

Abaisser, en termes de Jardinage, signifie Couper une branche près du tronc.

Abaisser, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie alors s’humilier, se soumettre, se ravaler. Abjicere se. Il faut s’abaisser devant la Majesté divine. S’abaisser à des choses indignes. S’abaisser jusqu’aux plus lâches complaisances. L’humilité n’est souvent qu’un artifice de l’orgueil, qui ne s’abaisse que pour s’élever. Rochef. On le dit encore par respect d’une personne éminente en dignité, lorsqu’elle semble rabattre de sa grandeur, en descendant jusqu’à des personnes fort inférieures. Le Prince s’est abaissé jusqu’à moi, en prenant soin de ma fortune. P. de Cl. Il signifie aussi la complaisance, ou l’adresse par laquelle on se conforme, & on se proportionne à la compréhension foible & bornée de ceux à qui on parle. Un Prédicateur habile sait s’abaisser à la portée de ses auditeurs. C’est quelquefois un artifice de l’orgueil de s’abaisser avec excès, pour s’attirer des louanges. M. Scud. Pline dit en parlant de la bonté de Trajan, qu’il se familiarisoit avec ceux qui l’approchoient : Celui qui tient la première place n’a qu’une voie pour s’élever, c’est de s’abaisser lui-même ; parce que les Grands n’ont rien moins à craindre que de se ravaler en s’abaissant de la sorte. Bouh.

Abaisser, avec le pronom personnel, veut dire quelquefois s’affaisser Subsidere. La terre s’est affaissée : ou décroître. La riviére s’abaisse ; le vent s’est abaissé.

Abaisse’, e’e, participe passif. & adjectif. Depressus.

Abaisse’, en termes de Blason, se dit du vol des aigles, & du vol en général des oiseaux, dont la représentation ordinaire est d’être ouvert & étendu, en sorte que le bout de leurs ailes tende vers les angles ou le chef de l’Ecu : mais lorsque ce bout est en bas, & vers la pointe de l’Ecu, ou que les ailes sont pliées, on l’appelle Vol abaissé.

On dit aussi, un chevron, un pal abaissé, une bande abaissée, quand la pointe finit au cœur de l’Ecu, ou au dessous, & ne monte pas plus haut. On dit aussi qu’une pièce est abaissée, lors qu’elle est au-dessous de sa situation ordinaire, comme le chef, la fasce, &c. Et ainsi les Commandeurs de Malte qui ont des chefs dans leurs Armoiries, sont obligés de les abaisser sous celui de la Religion.

ABAISSEUR. adj. m. est un épithète que les Médecins donnent au second muscle des yeux, qui les fait mouvoir en bas.

ABALOURDIR. Vieux mot, & hors d’usage, qui signifioit autrefois, Abrutir, rendre stupide. Hebetem reddere. Il se trouve dans plusieurs Coutumes.

ABANDON, s. m. Mépris, délaissement de quelque chose. Derelictio, destitutio. Neglectus rei alicujus. Il n’est point du bel usage. On ne le trouve guère que dans Moliere, lequel dit, en parlant des coquettes qui renoncent par nécessité au monde qui les quitte :

Dans un tel abandon leur sombre inquiétude.
Ne voit d’autre recours que le métier de Prude.

Il n’est supportable en ce sens qu’en termes de