Page:Trevoux - Dictionnaire , 1704, T01, A-Cenobitique.djvu/56

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ACC. ACE. ACH.

AcCUSATEUR, Accusatrice, subst. masc. & fém. Celui ou celle qui accuse, ou qui poursuit quelqu’un en justice criminellement. Accusator, accusatrix. Par le Droit civil il n’y avoit point d’accusateur public. Chaque particulier, soit qu’il eût interêt au crime public, ou non, pouvoit accuser, & conclure au châtiment de l’accusé. En France il n’y a que le Procureur Général, ou ses Substituts préposés dans chaque Siége, qui se puissent constituer accusateurs ; c’est à eux seuls à qui appartient la vengeance publique. La partie civile ne peut conclure qu’à la réparation, & aux intérêts, & non pas à la punition du criminel. En quelque lieu que se trouve un Parricide, il rencontre un Accusateur, un Juge, & un Bourreau. Le Mait. Cette femme est une dangereuse accusatrice. Son accusatrice parut fort animée contre lui. Au dernier jour nos péchés se présenteront comme autant de cruels accusateurs. Nicol.

AcCUSATIF. s. m. Terme de Grammaire. C’est le quatrième cas des noms qui se déclinent. Accusandi casus, accusativus. Il marque & désigne le terme d’une action, ou d’un rapport, le sujet où passe l’action du verbe, ou de la préposition. Un verbe actif régit l’accusatif. Il y a des prépositions qui demandent après elles un accusatif. En François l’accusatif est semblable au nominatif.

AcCUSATION, s. f. Délation en Justice pour quelque crime. Accusatio. Intenter une accusation injuste, calomnieuse. Vous ferez bien de prévenir une accusation si redoutable ; ou de la repousser vigoureusement, si elle est déja formée. Ablanc. Susciter une accusation capitale. Il y a vingt chefs d’accusation contre ce criminel. L’accusation des crimes privés n’étoit recevable par le Droit Romain qu’en la bouche de ceux qui y avoient intérêt : pour les crimes publics l’accusation pouvoit être intentée par quiconque la vouloit entreprendre.

Il signifie aussi, Confession. Confessio. Il faut faire une sincère accusation de nos péchés au Prétre.

Accusation, se dit aussi des légères fautes dans les complimens ordinaires. L’accusation que vous me faites de n’avoir point songé à vous en votre absence, est mal fondée.

AcCUSER. v. act. Intenter une action criminelle contre quelqu’un, soit en son nom, soit sous le nom de la partie publique, qui est toujours le Procureur-Général, ou son Substitut. Accusare. Il n’appartient qu’au mari d’accuser sa femme d’adultère. On a accusé de concussion un tel Officier. Caton, l’homme le plus inno-


Acent de son siècle, avoit été accusé 42. fois, & absous 42. fois. Dans l’esprit de la plûpart des gens, c’est assez d’être accusé pour être coupable. Voit. Un homme de bien accusé injustement, ôte à la prison même ce qu’elle a d’ignominieux. Bouh.

Accuser, signifie quelquefois simplement, Reprocher. Tous ses amis l’accusent de paresse à faire réponse aux lettres. On accuse les François de légèreté & d’imprudence. Ceux qui accusent la Providence, pour ce qu’elle rend l’adultère aussi fécond qu’un mariage légitime, se scandalisent mal à propos. La Pl. Malherbe, parlant d’un Scélérat heureux, ajoûte :

Mais le Ciel accusé de supporter ces crimes,
Se veut justifier.

On accuse souvent de beaux yeux, dont toute la force est dans la foiblesse du cœur qu’ils ont blessé. S. Evr. Je ne m’accuse que de trop de délicatesse pour mes amis, bien loin de les négliger. Id.

Ma juste impatience
Vous accusoit déjà de quelque négligence. Rac.

Accuser, signifie aussi, Impugner un acte, contester sa validité à cause de quelque défaut essentiel. Impugnare. Accuser un acte de faux. Accuser un testament de suggestion.

Accuser, signifie aussi, confesser sa faute, ou nommer ses complices. Confiteri. Le remords a quelquefois obligé les criminels à s’accuser eux-mêmes. Ce Criminel a tout confessé, & a accusé ses complices. Il a accusé bien des gens dans son testament de mort.


Accuser, signifie aussi simplement, déclarer. Enunciare, exponere. Il a accusé 50. de point au piquet ; il a accusé la réception de ma lettre ; pour dire, Il a dit qu’il avoit 50. de point ; qu’il avoit reçu ma lettre.

Accuser, avec le pronom pèrsonnel, se déclarer coupable. Insimulare se. Ce Criminel s’est accusé lui-même. Il faut qu’un Pénitent s’accuse franchement de ses péchés à la Confession. Les Persécuteurs semblent s’accuser de n’être pas bien convaincus eux-mêmes de la force & de l’évidence de leurs raisons, puisqu’ils emploient la violence. Cl.

Accusé, ée, part. pass. Accusatus.

Accusé, se prend quelquefois substantivement. L’accusé a donné de bons reproches contre les témoins. On doit entendre l’accusé à peine de nullité du jugement. L’accusé ne peut point résigner quand le crime emporte la privation de son Bénéfice. Bouch. Par les dures Loix de l’Inquisition l’on contraint l’accusé à s’accuser lui-même du crime qu’on lui suppose. Inq. de Goa. L’accusé n’est point reçu à accuser son accusateur, ni à user de récrimination, avant qu’il se soit purgé. De Laun.

ACE.

ACENSE. Cf. Héritage, ou ferme qu’on tient à perpetuité, ou à longues années, d’un Seigneur à certain cens & rente, ou à prix d’argent. Fun dus pretio conductus. Cette métairie est une acense d’une telle Abbaye. Il n’est pas proprietaire de cet héritage, il le tient en acense d’un tel Seigneur. Ce mot est un compose de census, signifiant rente annuelle, ou cens.

ACENSEMENT. s. m. L’action d’acenser. Conductio, locatio fundi. L’acensement d’un heritage.

ACENSER. v. act. Donner à cens, ou à rente. Fundum locare. Un Seigneur feodal acense une terre à une telle quantité de cens, ou de redevance seigneuriale.

Acenser, signifie aussi en plusieurs Provinces, Donner à ferme moyennant un certain prix & redevance annuelle pour un certain temps. Il n’a pù acenser cette metairie, elle lui est demeurée sur les bras faute de fermier. Ce mot vient du Latin census, revenu.

ACÉRER. v. act. Tèrme de Taillandier. Garnir d’acier un outil de fer ; y joindre ou appliquer de l’acier, soit à la pointe, comme aux burins ; soit au tranchant, comme aux couteaux & cimeterres ; soit sur la face entière des outils, comme aux enclûmes, &c. Durare ferri aciem chalybe. On a dit acérer pour aciérer.

Acéré, ée. adj. qui est d’aciér, ou ce à quoi on a joint & appliqué de l’acier. Ferrum chalybe duratum. On le dit des instrumens de fer destinés à couper, à limer, à trancher, à forger. Un cimeterre acéré & bien tranchant. Les enclumes, les bigornes, & autres outils semblables sont aussi acérés, parce qu’on les couvre d’aciér.

Acéré, s’employe par quelques-uns au figuré, pour signifier, mordant, perçant, tranchant. C’est une plume bien acérée. La pauvreté est un glaive bien acéré. Mau. Il faut pourtant s’en servir avec discrétion.

ACÈRTENER. v. act. Vieux mot. Assurer, affirmer. Affirmare.

ACÉTABULE. s. m. Tèrme d’Anatomie. Acetabulum. Il a différentes significations. Il se dit des cavités profondes de quelques os, dans lesquels sont reçues de grosses têtes d’autres os, pour faire les mouvemens. La cavité de l’os ischium, qui reçoit la tête de l’os de la cuisse, est appelée Acétabule, Cotyle ou Cotyloïde.

Il se dit d’une autre chose dont les Anatomistes ne conviennent point ; les uns appellent Acétabules les orifices des vaisseaux répandus dans la surface interne de la matrice ; Harvée croit que ce sont de petites cellules du placenta, ou de ce qui tient lieu de placenta dans les femelles de plusieurs animaux. Le sentiment le plus probable est celui dans lequel on dit que les acetabules sont ces glandes qui s’élèvent dans la matrice des brebis & des chèvres, lorsqu’elles sont pleines, & qui sont ainsi appelées, parce qu’elles sont faites en forme de coupe ou de godet : ce qu’on ne remarque pas dans les femelles des autres animaux, non plus que dans la femme.

Acétabule, signifie encore une certaine mesure dont les Apoticaires se servent pour les choses liquides. Voyez Cotyle, Cotylédon.

ACETABULUM. s. m. Sorte de Plante, appelée autrement Umbilicus veneris. Il y en a de deux sortes : l’un dont les feuilles sont creuses, & tournées comme un acétabule, ou une coupe. L’autre jette une tige menue, & produit des fleurs semblables à celles de millepertuis. Cette plante a les feuilles larges & fort épaisses. Sa graine, qui est un peu grosse, a les mêmes propriétés que la joubarbe.

ACH.

ACHALANDER. vèrbe actif. Attirer les chalands, accréditer, mettre une boutique, ou une maison, en réputation d’avoir de bonne marchandise, & à bon prix. Emptores allicere. Toute la fortune d’un marchand consiste à bien achalander sa boutique. C’est un terme du peuple, ou tout au plus de la convèrsation.

Achalander, est quelquefois neutre pass. & se met avec le pronom personnel. Cet homme commence à s’achalander. On le dit aussi en badinant, d’une personne qui a beaucoup d’intrigues : cette fille est fort achalandée.

Achalandé, ée. part. pass. & adj.

ACHARNEMENT. s. m. Forte passion, emportement, attachement opiniâtre à quelque chose. Libido, propensio. Il se dit plus ordinairement en mauvaise part. Il a un furieux acharnement pour la débauche.

Acharnement, se dit encore de la fureur & de l’animosité avec laquelle on persécute quelqu’un. Insectatio vehemens, acerba. Ces deux Auteurs ont un furieux acharnement à se perdre mutuellement ; ils se déchirent par-tout.

<poem class="verse" > Tous les dévots de cœur font aisés à connoître. Jamais contre un pécheur ils n’ont d’acharnement ; Ils attachent leur haine au péché seulement. Mol.

ACHARNER, v. act. Donner aux bêtes le goût, l’appétit de la chair. Carnis famem, ou appetitum, excitare, irritare, ciere. On acharne les chiens, les oiseaux de proie à la curée. On dit aussi en Fauconnerie, acharner l’oiseau sur le tiroir, soit au poing avec le tiroir, qui est une aile de chapon ou de cocp-d’Inde ; ou en attachant le tiroir au leurre. Accipitres oblatâ escâ pascere. Il y a des oiseaux farouches qui ne s’acharnent jamais, & qui se laissent plutôt mourir de faim.

Acharner, animer. Irritare. On les a acharnés les uns contre les autres.

Acharner, se dit figurément en Morale avec le pronom personnel, pour dire, s’attacher avec fureur, avec opiniâtreté, à persécuter quelqu’un, à le blâmer. Acriter infectari. Ces deux plaideurs sont furieusement acharnés. Il signifie quelquefois s’adonner avec excès. Ferri immoderatiùs. Il est dangereux de s’acharner au jeu. Ce Docteur est si fort acharné à l’étude, qu’il se dessèche sur ses Livres. S. Evr. Ce mot est un composé, & dérive de chair.

Acharné, ée, part. & adj.

ACHAT. s. m. Acquisition ; traité par lequel on achète. Emptio. Il a fait aujourd’huy l’achat d’une terre à sa bienséance. Il a fait un mauvais achat. Il se prend aussi pour la chose achetée. Je veux vous montrer mon achat. Achat passe louage, est un proverbe tiré des Coutumes de Namur ; c’est-à-dire, que l’acheteur d’un héritage peut déposséder le locataire. Ce mot vient du Latin adcaptare, ou adceptare.

ACHE. s. m. Espece de persil qui croit dans les marais, & qui a des fleurs blanches. Apium palustre. Cette plante est medecinale :on se sert de la racine. Elle est apéritive.

Ache Royale. Plante qui fleurit tous les ans, & qui pousse une fleur blanche, ou jaune au bout de la tige. Apium. Les Grecs en certains jeux


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Tome I. C On