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ADV. ADU. ADU.

AdVEU, s. m. Reconnoissance, confession. Confessio. Il a été condamné par son propre aveu.

Adveu, signifie aussi, Approbation, ou consentement donné. Approbatio, comprobatio, auctoritas. Il n’a rien fait que par l’aveu du Roi, ou de l’aveu du Roi. Ce fils ne fait aucune action sans l’aveu de son père. Il a l’aveu de ses parens pour ce mariage.

Adveu, en termes de Palais, signifie reconnoissance, ou Acte qu’on est obligé de donner au Seigneur de fief 40. jours après qu’on a fait la foi & hommage, contenant un dénombrement en particulier de toutes les terres qu’on avoue tenir de lui. Clientelaris juris professio. On le joint ordinairement avec le mot denombrement. Il faut donner à la Chambre des Comptes un aveu & dénombrement de toutes les terres qu’on tient du Roi. Par la Coutume de Paris un aveu & dénombrement doit être blâmé dans les 40. jours après qu’il est donné, autrement il est reçu. En Normandie l’aveu peut être blâmé dans les 40. ans. Les aveus ne font preuve qu’entre ceux qui les donnent, ou qui les reçoivent.

On appelle communément un homme sans aveu, un vagabond, qui n’a ni feu, ni lieu, & qui n’a personne de qui il se réclame. Nullius nomino vel auctoritas festus. Les Ordonnances veulent que les Prévôts se saisissent des Bohémiens, vagabonds, & gens sans aveu, & qu’ils les envoient aux Galères.

AdVIS, s. m. Avertissement, instruction qu’on donne à quelqu’un de quelque chose qu’il ignore, ou à quoi il ne prend pas garde. Admonitio, monitum. Il lui a donné de bons avis sur la correction de son Livre. Un homme d’étude qui ne prend avis que de ses Livres, en entrant dans le monde, fait bien des faux pas. S. Evr. Il faut aider la liberté de celui qui nous avertit, en recevant facilement ses avis. Id.

En ce sens on dit en termes de guerre, de négoce, de marine, Donner avis ; pour dire, Faire savoir des nouvelles de ce qui se passe. Nuntium. Ce Gouverneur a reçu avis qu’on venoit assiéger sa Place. Une barque d’avis, est une barque destinée pour porter les nouvelles & les ordres à une Flotte. Aller aux avis, c’est envoyer quelques troupes battre l’estrade, prendre des prisonniers pour découvrir les desseins de l’ennemi. Une lettre d’avis, c’est la lettre par laquelle un marchand ou un banquier mande à son correspondant, qu’il a tiré sur lui une telle lettre de change, qu’un tel associé est prêt à faire banqueroute. Cet homme a toujours de bons avis ; pour dire, de bonnes nouvelles.

Advis, Signifie aussi, Sentiment, opinion. Sententia, judicium. Tous les Théologiens sont d’un même avis sur cette question. Ce Président est allé aux avis, a pris les avis de sa Compagnie. Cet Docteur est toujours d’un avis singulier. Les avis sont partagés. Voilà mon avis. Ouvrir un avis rigoureux. La Rochef. Nous ne trouvons guère de gens de bon sens que ceux qui sont de notre avis. Id. Autant de têtes autant d’avis. Pel. On dit aussi, Il m’est avis ; pour dire, Il me semble : mais il n’est plus de bon usage.

Advis, en termes de Palais, se dit de certains arrêtés ou délibérations de ceux qui sont commis par des supérieurs pour examiner une affaire, ou des faits dont ils ne peuvent pas être éclaircis autrement ; sur lesquels arrêtés ils donnent un jugement conforme. On a fait assembler les parens de ce mineur, pour donner leur avis sur la vente de ses biens. C’est en ce même sens que Boileau a dit en parlant d’Alexandre :

Et qu’un sage Tuteur l’eût, dans cette demeure,
Par avis de parens, enfermé de bonne heure.

Advis, se prend presque en ce sens pour Réflexion, conseil, reproche, réprimande. Consilium. Je lui ai donné des avis sur sa conduite. Je vous remercie de tous vos bons avis. Il y a jour d’avis entre ci & là ; pour dire, il y a du temps pour faire réflexion, pour prendre conseil. Le compartiteur d’un procès, est celui qui ouvre un second avis.

Advis, en termes de Finances, signifie l’invention, & les moyens d’établir quelque imposition nouvelle, ou de faire la recherche des deniers divertis qui appartiennent au Roi. Les donneurs d’avis sont des gens fort odieux. Il a eu tant pour son droit d’avis. On le dit aussi de ces gens d’intrigue qui donnent avis des Offices ou


Bénéfices vacans, qui négocient des affaires, ou des mariages.

On dit burlesquement & ironiquement, A votre avis, me conseillerez-vous de faire cela ?

AdVISER, v. act. Consulter, délibérer, penser, pourvoir à une chose. Consultare, deliberare, considerare, perpendere, providere. Nous aviserons à ce que nous aurons à faire. Vous avez du loisir pour aviser à ce que vous avez à dire pour votre défense. Vous vous en avisez un peu tard. On y avisera.

Adviser, C’est aussi prendre une résolution après quelque délibération. Statuere, decernere. Les Etats assemblés pour la réformation du Royaume, avisèrent qu’il falloit que, &c. Après avoir bien consulté, bien raisonné, on avisa que, &c. Il fut avisé que, &c.

Adviser, signifie aussi, Croire, juger. La Cour a renvoyé les parties pour se pourvoir comme elles aviseront bon être : pour dire, comme elles le jugeront à-propos.

Adviser, signifie aussi, Avertir. Il vous trompera, je vous en avise. Admonere. C’est le premier qui m’en a avisé. Mais en ce sens il vieillit, & n’est en usage que dans quelques Provinces.

Adviser, signifie se souvenir, Faire réflexion, s’appercevoir. Occurrere, venire in mentem. Je ne m’en suis pas avisé. Personne presque ne s’avise de lui-même du mérite d’un autre. La Bruy.

Adviser, signifie encore, Voir de loin, ou découvrir avec quelque recherche ou application. Prospicere. Je vous ai avisé de cent pas. Il avisa son ennemi qui s’étoit caché dans la foule. Il est bas en ce sens, & de la lie du Peuple. Ainsi au lieu de dire, Il avisa un homme sur une tour, il faut dire, Il découvrit, il apperçut un homme sur une tour. Vaug.

Adviser, se dit figurément des découvertes qui se font par les yeux de l’esprit après quelque méditation. Adinvenire, excogitare. Il s’est avise d’une bonne invention. Ils se sont avises d’un mauvais expédient pour se tirer d’affaire. Il n’y a sottise, il n’y a malice dont il ne s’avise. S’aviser d’une ruse, d’un stratagème. Les hommes ne pouvant éviter la mort, se sont avisés de n’y point penser, afin de se rendre moins malheureux. Pasc. Fabius ayant trouvé l’armée rebutée de combattre sans succès, s’avisa de consumer Annibal par la lenteur. S. Evr. Il lui a fait toute la bonne chère dont il s’est pû aviser. On dit aussi, C’est bien avisé à vous ; pour dire, vous avez raison.

On dit proverbialement qu’un fou avise bien un sage, pour faire comprendre qu’il faut écouter les avis, de quelque part qu’ils viennent.

Advisé, ée, part. pass. & adj. Il a la signification de son verbe, en Latin comme en François.

Advisé, est aussi substantif & se dit d’un homme sage, prudent, circonspect, éclairé dans la conduite de ses affaires, & qui ne fait rien sans bien considérer toutes choses. Prudens, cautus, consideratus. On n’est jamais si avisé en son propre fait qu’en celui d’autrui. Vaug. Plusieurs personnes très-judicieuses & très-avisées, ont préféré l’exil aux douceurs de la Patrie. Balz. On peut lui fier cette négociation, il est fort avisé. Il a fait cette faute comme un imprudent, & un mal-avisé.

Ces mots viennent de advisare, qui se trouve pour deliberare dans les Auteurs de la basse Latinité. Ménag.

ADULATEUR. s. m. Celui qui fait métier de flater. Adulator, assentator. C’est un lâche adulateur, un perpétuel adulateur. Combien la fortune a-t-elle d’adulateurs ? P. Gail. Ce mot n’est guère en usage qu’au Païs Latin ; cependant on s’en peut servir dans la Poësie à l’exemple de Boileau, qui a dit, Du Tyran soupçonneux pâles adulateurs.

ADULATION. s. f. Ce mot, qui vient du latin adulatio, est nouveau, & signifie flatterie basse. Adulatio, assentatio. Le foible des Grands est d’aimer à être trompés, & à écouter avec plaisir l’adulation & le mensonge, dont on nourrit leur amour-propre. Bourd. Les femmes doivent plus à nos adulations, qu’à leur mérite. S. Evr.

ADULTE. adj. m. & f. Qui est parvenu à un âge de discrétion. Adultus. Qui entre dans l’adolescence, & qui est assez grand pour avoir du jugement et du discernement. Il n’a guère d'u-


sage qu’en Théologie, où on parle du baptême des Adultes. Dans les premiers temps on ne baptisoit les Adultes que la veille de Pâque ou de la Pentecôte. Le Gend.

Adulte. Ce mot est aussi très-souvent substantif. Il est masculin quand on parle d’un garçon, & féminin quand on parle d’une fille.

On le dit aussi en Anatomie. Il y a plusieurs parties dans le corps des enfans, qui sont différentes de celles des adultes : comme la fontaine de la tête, les apophyses des os, &c. Ce mot vient d’adolescere, Croître.

ADULTÈRE. s. m. Péché qui se commet par des personnes mariées, contre la foi qu’ils se sont promise dans le mariage, en s’abandonnant à quelque autre, ou même par une personne non mariée, quand elle a commerce avec une autre qui l’est. Adulterium. Quoique le mari qui viole la fidélité conjugale, soit coupable d’adultère aussi-bien que la femme, elle n’est point reçue à accuser son mari. Ceux qui accusent la Providence parce qu’elle rend l’adultère aussi fécond qu’un mariage légitime, se scandalisent mal-à-propos. La Plac. Par l’ancien Droit Romain il n’y avoit point de Loi établie contre l’adultère : l’accusation & la peine en étoient arbitraires. L’Empereur Auguste a été le premier qui en a fait une Loi, qu’il a eu le malheur de voir exécuter dans la personne de ses propres enfans. C’est la loi Julia. Quoique par cette loi l’accusation du crime d’adultère fût publique, & permise à tout le monde, il est pourtant certain que ce crime a été plus considéré comme un crime domestique, & particulier, que comme un crime public. On permettoit rarement aux étrangers d’en poursuivre la vengeance ; sur-tout, quand le mariage étoit paisible, & que le mari ne se plaignoit point. La raison qu’en apporte Papinien est qu’il est très-difficile d’arrêter une si juste douleur, Papin, ad L. Jul. de adult. Et les Constitutions des Empereurs avoient abrogé les Loix qui permettoient aux étrangers l’accusation d’adultère. La raison est, que cette accusation ne pouvoit être intentée, sans mettre de la division entre la femme & le mari ; sans mettre l’état des enfans dans l’incertitude ; sans attirer sur le mari le mépris & la risée du public ; & sans couvrir la famille de honte, & de confusion. Comme le mari est le plus offensé, il est juste quand il garde le silence, que personne ne parle pour lui. On doit supposer qu’étant le principal intéressé à examiner les actions de sa femme, il en juge aussi avec plus de circonspection ; parce qu’il y a un peril égal ou à croire légèrement, ou à croire difficilement. C’est pourquoi la Loi en certains cas l’a établi Juge, & exécuteur en sa propre cause : elle lui a permis de se venger par lui-même de l’injure qui lui étoit faite, & de ravir la vie à des adultères qu’il surprenoit souillant son lit, & qui étoient assez hardis pour lui ravir l’honneur. Dans le cas de la complicité du mari ; c’est-à-dire, ou lorsque le mari faisoit un commerce infame de la débauche de sa femme ; ou qu’ayant vû de ses propres yeux l’infidélité de sa femme, il n’entroit pas dans une juste indignation, & dissimuloit l’affront en le souffrant patiemment ; en ce cas l’adultère devenoit un crime public, & la Loi Julia décernoit même des peines contre ces infames maris. En France l’adultere n’est point entre les crimes publics. Le mari seul, en peut former l’accusation, & en exercer la vengeance : les gens du Roi n’y sont pas même reçus. Il faudroit un scandale bien notoire, pour autoriser les étrangers à se porter accusateurs. Socrate, L. V. C. 8. dit, que sous Théodose l’an 380. on châtioit les femmes adultères par une constupration publique. Lycurgue ordonna qu’on puniroit l’adultère comme le parricide. Les Locriens leur arrachoient les yeux. Val. Max. L. VI. C. 5. Les Orientaux les punissent sévèrement. Voyez Tavernier, Relat. du Tunquin C. 7. Toute la peine que l’on inflige à la femme surprise dans le crime, & convaincue d’adultère, est de la priver de sa dot, & de toutes ses pactions matrimoniales, & de la reléguer dans un Monastère. Cependant l’adultère est un empêchement légitime au mariage entre les personnes qui l’ont commis. C’est la décision du Pape Léon, Ne quis ducat in matrimonium quam priùs polluit per adulterium.. On ne doit pas souffrir que ceux-là s’unissent par le lien du mariage, qui en ont souillé la pureté par l’adultère. C’est-là l’empêchement dirimant que les Théologiens appellent, Impedimentum criminis. Au reste, pour qu’il ait lieu, les Théologiens demandent trois conditions. La première, que l’on sache que c’est un adultère que l’on commet, & que la personne avec qui on a le mauvais commerce est mariée. La seconde, que l’adultère soit complet. La troisième, qu’il intervienne promesse de se marier après la mort du mari ou de la femme de celui des coupables qui est marié. Selon les Loix de Moise, celui & celle qui avoient commis adultère, étoient punis de mort. Le Grand Constantin fit aussi une Loi qui les condamne au dernier supplice. Cette peine fut adoucie par l’Empereur Léon. Les Constitutions de Charlemagne, & de Louis le Debon-


naire