Page:Trevoux - Dictionnaire , 1704, T01, A-Cenobitique.djvu/71

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AE. AER. AEG AET. AFF..


gardes, & administrateurs du temporel des Eglises, sous l’autorité desquels se faisoient tous les contrats qui concernoient les Monastères. Il paroît même, par les plus anciennes chartres, que les donations qu’on faisoit aux Eglises se conféroient en la personne des Avouez. C’étoient eux aussi qui se présentoient en jugement pour les Monastères dans toutes leurs causes, & qui rendoient la justice pour eux, dans les lieux où ils avoient la Jurisdiction. On prétend que cette charge fut introduite dès le temps de Stilicon, dans le IVe siecle. Mais enfin les grands Seigneurs prirent cette qualité ; quand il les fallut défendre par les armes, ou les protéger par leur autorité. On appelloit aussi autrefois Avouez, les maris, les tuteurs, & même ceux qui se battoient en combat singulier pour la querelle d’un autre, & généralement tous ceux qui entreprenoient la défense d’autrui. Les Villes avoient aussi leurs Avouez ; on trouve dans l’Histoire, les Avouez d’Ausbourg, d’Arras, &c. Ils s’établirent long-temps après les Avouez des Ecclésiastiques ; & sans doute à leur exemple. Ce mot vient d’Advocatus : & de-là vient que les Juges de Suisse s’appellent encore en Roman Avoyérs ; c’est-à-dire, Défenseurs de la Justice, & du Peuple opprimé.

AdVOUER, v. act. Reconnoître la vérité ; confesser, demeurer d’accord qu’une chose est véritable. Fateri, confiteri. Avouer le fait. Avouer ingénument son crime. Je vous avoue que je n’y comprends rien. Voilà, je vous l’avoue, un abominable homme. Mol. Il faut avouer que la Providence divine est merveilleuse. Ce criminel a tout avoué à la question. La malignité des hommes a de la peine à convenir de nos bonnes qualités. Ils les avouent plutôt qu’ils ne les souhaitent. La Plac.

Advouer, signifie aussi, Reconnoître quelqu’un pour son Seigneur : Clientem se profiteri ergà, &c. Il s’est avoué vassal d’un tel Prince. Il a avoué tenir de lui un tel fief, tels héritages.

Advouer, signifie aussi, Approuver ce qu’on a donné charge de faire. Approbare. Cet Ambassadeur a plein pouvoir, il sera bien avoué de tout ce qu’il fera. Il y a ici des personnes qui m’avoueront de tout ce que j’écrirai. Voit. Quelque chose qu’il fasse, il en sera avoué. Je n’en ai pas charge spéciale ; mais je m’en ferai bien avouer. Mez.

Advouer, signifie aussi, Reconnoître pour sien, proteger. Suum agnoscere, tueri. Ce père avoue cet enfant pour son fils. Cet Auteur a avoué pour sien un tel Ouvrage. Il est avoué de ce Prince pour son domestique, pour son vassal.

s’Advouer de quelqu’un ; c’est se réclamer, s’autoriser de quelqu’un. Inclamare. Quand je serai-là, je m’avouerai de vous.

s’Advouer d’une telle Religion ; c’est confesser que l’on professe cette Religion. Profiteri. Il s’avoua franchement de la Religion Chrétienne.

On dit provèrbialement, Avouer la dette ; pour dire, reconnoître qu’on a tort.

Advoué, ée, part. Il a la signification de son vèrbe.

AdVOUERIE, s. f. La qualité, & la charge d’Avoué.

ADUSTE. adj. m. & f. Terme de Médecine, qui ne se dit que du sang & des humeurs, quand elles sont brûlées par une trop grande chaleur naturelle. Adustus. Un tempérament aduste. La mélancholie est une bile noire, & aduste.

On le trouve au figuré. Tetricus, Austerus. C’est la bile qui domine dans l’humeur de ce Magistrat, & cette humeur aduste imprime sur son front une négative perpétuelle. Balz. Cet exemple ne doit pas être imité.

ADUSTION. s. f. Terme de Médecine. État de ce qui est brûlé. Ustio, Adustio. Ce mot ne se dit ainsi que le précédent, qu’en parlant du corps humain. Sa maladie est causée par une adustion d’humeurs.

Æ.

Æ. Diphtongue. On l’a bannie de tous les mots qui viennent du latin. On écrit César, l’Enéide, Egyptien avec un E simple. Cependant, parce qu’on s’obstine encore à retenir l’Æ, sur-tout dans les mots purement latins, l’on en mettra encore quelques-uns avec cette diphtongue.



AER.

AËRER. v. act. Donner de l’air à un bâtiment. Coelum aperire ; liberiori coelo exponere, supponere. Il a fait percer sa galerie des deux côtés pour l’aérer davantage. Il est de peu d’usage, & en sa place, on dit mettre en bel air. Ce mot vient d’aër.

AËRÉ, ée. adj. Qui est bien exposé à l’air dans une plaine, ou sur une élévation. Liberiori cœlo expositus, suppositus. Une maison bien aérée est fort saine. Le Château neuf de S. Germain est bien aëré.

AËRIEN, enne. adj. Qui est fait d’air, ou qui se résout en air. Aërius, Aëreus. Dans la dissolution des corps, les parties aëriennes s’élevent en l’air. Les atômes aëriens montent les premiers dans un alembic. On dit que les bons ou mauvais Anges qui paroissent, prennent des corps aëriens. Les Esséniens, la secte la plus parfaite des Juifs, pensoient que les ames étoient d’une matière aërienne. Arn. Porphyre & Jamblique ont admis des démons, des esprits aëriens, auxquels ils ont donné divers noms. Les Peintres appellent une perspective aërienne, celle qui fait paroître les corps diminués à proportion de leur éloignement, ou distance de la ligne de terre, ou du plan géométrique.

Aériens. Nom de Sectaires, qui tirent leur origine d’un certain Aërius, lequel vivoit encore au temps de S. Epiphane, & qui avoit sur le mystère de la Trinité les mêmes sentimens que les Ariens. Il avoit outre cela plusieurs opinions particulières qui sont rapportées fort au long par ce S. Evêque, hœrs. 75. & entr’autres celle-ci : qu’il n’y avoit aucune différence entre les Evêques & les Prêtres ; que la prêtrise & l’épiscopat étoient absolument le même Ordre & la même dignité. L’Evêque, disoit-il, impose les mains, le Prêtre les impose aussi : l’Evêque est assis dans le trône, le Prêtre y est aussi assis : S. Epiphane se déclare en ce lieu-là fortement pour la supériorité des Evêques, & il répond en particulier à toutes les raisons d’Aërius, qui s’appuyoit principalement sur quelques passages de S. Paul, & entr’autres sur celui de l’Ep. I à Tim. C. 4. v. 14. où ce S. Apôtre lui recommande de ne point négliger le don qu’il a reçu, lorsque l’assemblée des Prêtres lui a imposé les mains. Il n’est parlé en cet endroit, disoit Aërius, que des Prêtres seulement, & nullement des Evêques. Mais il est aisé de voir que le mot de Prêtres dans S. Paul, signifie également les Evêques ; ensorte que Presbyterium, qui est dans le grec & dans le latin de la vulgate, se prend pour le sénat ou l’assemblée de ceux qui présidoient aux églises. S. Paul avoit ordonné Thimothée, étant accompagné des Prêtres ou Evêques, qui se trouvoient présens à l’ordination. Voy. le mot Anciens.

AËRIER, ou AIRIER. v. act. C’est purifier l’air de quelque lieu, en y brûlant des senteurs pour en rendre l’air plus pur. Infectam auram purgare. Aërier une maison. Ce mot ne se dit que très-rarement, & en sa place, on se sert d’un tour qui signifie la même chose. Ainsi au lieu de dire, il faudroit aërier cette chambre, on diroit, il faudroit brûler quelque chose dans cette chambre, pour en chasser le mauvais air.

AËROMANCIE. s. f. Ce mot vient du Grec ἀὴρ, air, & μαντεία, divination. C’est l’art de deviner par le moyen de l’air. Il y a plusieurs sortes d’aëromancies, dont Bodin ne traite point dans le livre des Sorciers. L'aeromancie est curieuse, belle, agréable ; mais elle est vaine. Les Payens s'attachoient à l'aëromancie ; mais les Chrétiens la rejettent comme fausse & superstitieuse.

ÆGYPTIAC. adj. m. Terme de Pharmacie. Pharmacum Ægyptiacum. C’est une espèce d’onguent détersif décrit par Mésué, ainsi nommé, à cause qu’il est d’une couleur obscure comme les Egyptiens. Il est composé de vert-de-gris, de vinaigre & de miel, & sert à consumer les chairs pourries.

ÆOLIPILE. Voyez Eolipile. De même Aequateur, Aequivoque, Aethérée. Voyez ces mots par E.


ÆS USTUM. s. m. Terme de Chymie. Cuivre brûlé. C’est une drogue qu’on appelle autrement Crocus Veneris, ou safran de Vénus, qu’on a fait tremper dans une dissolution de sel, dans de fort vinaigre, & qu’on stratifie ensuite avec du soufre dans un fourneau. On le remet dans du vinaigre où il y a du sel ammoniac fondu, ce qu’on réitère jusqu’à ce que les lames soient toutes consumées. On en ôte le vinaigre par la distillation, & il reste une matière qu’on appelle Æs ustum, qui sert à divers usages en Médecine.

ÆT.

ÆTHIOPIS. s. m. Plante qui est une espèce de toute-bonne, ou de sclarea. Ses feuilles qu’elle pousse les premières sont couchées par terre, & disposées en rond ; elles ressemblent à celles du bouillon ; elles sont grandes, épaisses & velues. Il sort d’entre ces feuilles une tige garnie de feuilles semblables aux précédentes, mais d’ordinaire plus petites. Cette tige est quarrée & velue, de la hauteur d’environ deux pieds ; elle a plusieurs ailes, & concavités. Ses fleurs sont rangées par anneaux, & blanches. Sa racine est fibreuse. Sa semence est noirâtre, triangulaire, & contenue dans des capsules ; chaque capsule contient quatre semences. La racine de l’Aethiopis est bonne pour la sciatique, & pour les maladies de poitrine.

AËTITES, autrement Pierre d’aigle. Voyez Aigle. Aëtites. Taurentius Bauschius a fait un Traité exprès de la pierre Aëtites, ou il assure qu’on ne la trouve point dans les nids d’aigles ; mais qu’on en rencontre sur des rivages, dans les champs, & sur des montagnes. Ce mot vient du grec ἄετος, qui signifie aigle.

AFF.

AFFABILITÉ, s. f. Honnêteté avec laquelle un supérieur reçoit son inférieur, & se communique à lui. Abord doux & facile à l’égard de nos inférieurs qui ont à nous parler. Affabilitas. Ce mot vient du latin. Il se dit rarement d’égal à égal, & jamais d’inférieur à supérieur. L’affabilité des grands n’est qu’une vertu artificieuse, elle sert à leurs desseins & à leurs projets d’ambition. M. Esp. Jamais homme avec tant de grandeur, n’a allié tant d’affabilité à tant de douceur. Bourd. L’affabilité des personnes de qualité sans mérite, est une bassesse d’ame, & une incapacité de tenir leur rang. M. Esp. Heureux celui qui dans son affabilité naturelle trouve des dispositions favorables à la bénignité chrétienne. Le P. Gail. Patru avoit beaucoup d’antipathie pour affabilité : il est françois, disoit-il, mais laissons le dire aux autres.

AFFABLE. adj. m. & f. Affabilis. Ce mot vient du latin, & signifie, celui qui parle à ses inférieurs d’une manière douce, honnête, engageante, & qui les écoute de même, sans avoir rien dans ses regards, ni dans ses gestes, de rude ni de rebutant pour eux. Il commence un peu à vieillir : cependant il y a des gens de mérite qui s’en servent, & qui croient pouvoir lui redonner cours dans le bel usage.

<poem> Il est civil, accostable, Doux, bénin, courtois, affable. Ménag.

Quoy qu’il fût occupé de grandes affaires, & de plus très affable & très-civil, il ne laissoit pas d’être toujours recueilli. Ab. Reg. Lui, parmi ses transports, affable & sans orgueil. Racin. Cependant, quoique ce mot fut usité du temps de M. Patru, il avoit de la peine à le souffrir. Il, le laissoit dire aux autres, & ne s’en servoit jamais.

AFFABLEMENT. adv. D’une manière affable. Affabiliter, Humaniter. Il faut recevoir affablement les moindres personnes. Ce mot n’est presque plus en usage. Ceux qui écrivent poliment, préféreront toujours, Civilement, honnêtement, à affablement.

AFFADIR. v. act. Rendre fade & insipide, donner du dégoût, ôter toute sorte de saveur. Saporem detrahere. On a affadi cette viande en la faisant trop boüillir. Le sucre, le miel, affadissent le cœur. Si le sel est affadi, avec quoy


assaisonnera-t-on ?